L'investiture du nigérian Goodluck Jonathan continue de susciter des violences depuis dimanche. Une bombe visant une patrouille militaire a explosé, sans faire de blessé, ce lundi à Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria. La piste islamiste est privilégiée.
Goodluck Jonathan, lors de la cérémonie d'investiture, le 29 mai 2011. © AFP
Au lendemain de l'investiture de Goodluck Jonathan, le chaos semble s'installer progressivement au Nigeria. Une bombe visant une patrouille militaire a explosé, sans faire de blessé, ce lundi 30 mai à Maiduguri, dans le nord-est du pays, selon l'armée, qui privilégiait la piste islamiste.
« Un de nos fourgons a été en grande partie endommagé mais aucun de nos hommes n'a été blessé. Nous avons arrêté trois suspects en lien avec cette attaque », a indiqué un porte-parole militaire Abubakar Abdullahi. Selon lui, « le principal suspect est Boko Haram », une secte islamiste armée et active au nord-est du Nigeria, principalement dans les États de Borno, de Yobe et de Bauchi.
Déjà dans la soirée de dimanche, 10 personnes ont été tuées et 20 autres blessées dans l’explosion de trois bombes artisanales. Les déflagrations ont eu lieu sur la base militaire de Bauchi « en trois lieux différents dans la même zone et à quelques secondes d’intervalle », a indiqué le commissaire de police de la ville. Le chef policier a précisé « qu’il y avait beaucoup de gens, parce que c’était dimanche soir » et que les victimes étaient toutes des civils.
Pourquoi de telles violences ?
L’élection de Goodluck Jonathan est contestée par de nombreux Nordistes. Jonathan, un chrétien sudiste de 53 ans avait battu un ex-dirigeant militaire du Nord essentiellement musulman, Muhammadu Buhari, lors d’un scrutin considéré comme l’un des plus équitables des deux dernières décennies. Les élections avaient été suivies de trois jours d’émeutes qui ont fait 800 morts.
Même au sein de son parti, la candidature de Goodluck Jonathan est contestée. Elle aurait mis fin à une règle interne du Parti démocratique du peuple (PDP), qui prévoit une rotation entre candidats du Nord et du Sud. L’ancien vice-président était arrivé au pouvoir en mai 2010 après la mort d’Umaru Yar’Adua, un président musulman du Nord qui n’est pas parvenu au terme de son premier mandat. C’est pourquoi de nombreux Nigérians estiment que le parti au pouvoir aurait dû nommer un Nordiste.
L’investiture de Goodluck Jonathan entachée
Les promesses du président élu Goodluck Jonathan, émises lors de son discours d’investiture dimanche, semblent donc déjà bien loin. « La transformation commence aujourd’hui », avait-il déclaré. « Ensemble nous allons unifier notre nation et améliorer le niveau de vie de toutes nos populations, du nord au sud, de l’est à l’ouest, avait également promis le nouveau président du Nigeria. Nous ne laisserons personne exploiter les différences religieuses ou linguistiques pour nous dresser les uns contre les autres. »
Près de 20 chefs d’États, essentiellement africains avaient fait le déplacement, notamment l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Sud-Africain Jacob Zuma et le Zimbabwéen Robert Mugabe. Des milliers de personnes s'étaient rendus sur Eagle Square, la place d’Abuja où se déroulent tous les rassemblements officiels. (avec AFP)