Il avait disparu des écrans radar médiatiques depuis cinq ans, mais Sergent Garcia n’était pas en permission pour autant. Bruno Garcia a pris la route de la Colombie pour y puiser la matière de son nouvel album «Una y otra vez».
Le pape français du Salsamuffin, qui fut dans une autre vie musicien du groupe punk rock Ludwig von 88, y reste fidèle à ses amours musicales latino-caribéennes (reggae, salsa, cumbia) et à ses textes révoltés. Il sera samedi soir sur la scène du festival les Noctambules à Saint-Aubin de Médoc. Entretien.
Cette fois c’est donc en Colombie que vous a mené votre voyage musical
J’ai mis un premier pied là-bas il y a quatre ans et au-delà des problèmes de ce pays j’ai été impressionné par la richesse du mouvement artistique et musical. Il y a là-bas toute une jeune génération de musiciens qui considèrent la musique comme une forme de résistance, un peu comme moi. J’y suis retourné plusieurs fois, mais il y a tellement de musiciens, c’est tellement riche et varié que tu prends une claque à chaque fois ! Alors je me suis dit que j’allais préparer quelque chose pour travailler là-bas. J’ai préparé la base en France, enregistré un peu en Espagne à Valence, puis les cuivres à Cuba et enfin nous avons travaillé quatre mois en Colombie avec des musiciens locaux. Je m’inspire de toutes ces influences pour essayer de bâtir quelque chose qui m’appartient, j’y travaille depuis plus de dix ans.
Vous avez changé de label pour cet album, quitté Virgin. Que s’est-il passé ?
Il y a quelques années j’ai signé avec une major car elle pouvait me proposer des bons budgets pour de gros projets. Mais se faire un nom et pouvoir retourner vers un label indépendant, c’était l’objectif. Les grosses machines ne peuvent pas comprendre qu’on ne fait pas forcément de la musique pour être rentable. Enregistrer un album comme je l’ai fait sur quatre pays avec 27 musiciens... On m’aurait dit « Monsieur Garcia on ne va pas pouvoir vous donner ce budget ».
Cette posture cadre bien avec vos textes souvent engagés. Vous qui êtes en Espagne, vous suivez la mobilisation actuelle de près ?
Bien sûr, et je m’y reconnais complètement. Ce qui se passe ici ou dans le monde arabe montre bien la rupture totale entre le pouvoir et les peuples et les conséquences désastreuses du capitalisme sauvage. On voit bien que ça n’est plus possible, qu’il faut qu’on remette les choses à plat. C’est ce que je dis dans mes textes, je trouve d’ailleurs que cet album est en osmose avec ce qui se passe actuellement. J’aurais pu l’appelez «Indignez-vous»!•
Sophie Lemaire
Les Noctambules : Sergent Garcia + Alam + DJ le Droll. Samedi à Saint Aubin de Médoc, 19h, 7€