L’antihéros, lentement au fil des ans, frôlant les frontières de l’alcoolémie, la boulimie, antipathique et souffrant d’une misanthropie aigüe, prisonnier d’une habitude gênante, il passait sa vie à l’affût de son nom. Un signe avant-coureur du désarroi de Beard fut sa dysmorphie. Il se voyait enfin tel qu’il était. « Apercevant au sortir de la douche une masse rosâtre, en forme de cône, drapée dans une sorte de blanc de baleine. Comment avait-il pu se convaincre durant tant d’années qu’il offrait un spectacle séduisant ? Il fallait reconnaître : ce chercheur de vingt et un an était un génie. Mais où était-il donc passé ? Il ne croyait pas en un profond changement intérieur. Seulement une longue déchéance intérieure, et extérieure.» Désormais une sommité devenu bureaucrate.
Revenant d’une excursion scientifique au pôle Nord, Beard surprend son jeune assistant confortablement installé chez lui, nu dans son propre peignoir. Cette arrivée surprise provoquant la mort accidentelle du tourtereau entraînera nombreuses implications qui viendront perturber la vie du prix Nobel.
Une toile de fond, l’énergie verte, sous toutes ses formes, l’aube d’une révolution industrielle prometteuse. Du McEwan au sommet de son art, un humour mordant, cinglant, parfois loufoque, une écriture manucurée d’une rare intelligence. Un regard très sarcastique, acerbe, cynique, sur cet engouement vert, sur les médias, sur la superficialité du monde moderne. Un roman qu’on croirait de prime abord humoristique, mais…