Une fois passé à la trappe, Strauss-Kahn révèle bien malgré lui la triste couleur du monde d’aujourd’hui… Alors qu’on ne cesse de célébrer la liberté dont l’Occident serait, paraît-il, le champion, voici que partout l’on juge, l’on exécute sans autre forme de procès.
En France, comme autrefois derrière le rideau de fer, on isole des brides de phrases, on surveille chaque mot pour débusquer là l’erreur de langage, là un raccourci dans la pensée, là le soupçon qui mène droit au bûcher : Et donc là forcément du sexisme, là bien sûr du racisme quand il y n’a souvent que de la maladresse et - que le coupable l’admette et s’en excuse - qu’importe, la machine est en route, on vous exclut, on vous interpelle, on ne retiendra que cette phrase là, on vous brise.
Aux USA,aussi, on se lâche, on lynche le frenchie libertin-violeur-socialiste of course, l’étranger… Ici on ne dit pas le « juif », on dit « le français » car le mal aujourd’hui c’est l’argent et le sexe qui se vivent, l’hédonisme, la liberté douce, une forme de résistance dans le bon goût, la douceur de vivre, l’insolence légère de la pensée, l’ironie… La victime doit rester victime, c'est la loi du genre.
Le bien ce serait donc Hollywood… La transformation, le réel nié dans son fantasme, revisité : la vie telle qu’ils la rêvent, pluie d’or, leur globe award…
On appelle ça la liberté quand il faudrait plutôt parler de chercheurs d’or et de chasse aux sorcières. On appelle ça la démocratie quand nos inquisiteurs modernes ne brandissent que des dogmes qu’ils défendent à coup d’invectives. Ils ont pour eux le spectacle de ces têtes qu’ils leur faut brandir comme des trophées car la foule en redemande : du sang et des victimes, encore et encore, surtout quand les bourreaux se parent de progrès, de défense des minorités alors qu’ils ne sont que la voix de la horde. La Voix comme dans une sinistre téléréalité. La voix qu’elle s’appelle Canal+, Télérama, France2, France Inter ou qu’elle soit TF1, RTL ou France Soir peut changer de ton, le fond reste le même.
Ils sont là pour vendre le spectacle. Sarcasmes et persiflage ton fofolle, faut faire genre. Les bons restent les bons, ils sont là depuis si longtemps ! A se demander comment les méchants durent aussi longtemps… A croire que les uns fabriquent les autres – et inversement – pour continuer le spectacle ! Aubry, Le Pen, Fillon, même combat ! Le cirque ! Le cirque ! Gauche, droite, gauche droite ! Tous au pas, tous aux tribunes, tous au stade !
Aussi ridicules que les phallos, les femellistes, les vaginocrates, les juifs, les blancs, les noirs et les arabes ! Tous pétris de leur troupeau, si loin d’eux-mêmes, du silence, de la tendresse, du regard sans pays, sans religion, sans sexe : les sentiments…
Où sont-ils ? Où les avez-vous jetés ? Le bébé avec l’eau du bain et lex vieux dans l’arrière cour? Et les hommes, existent-ils encore ? Non bien sûr, excusez-moi, il y a les « minorités »… J’oubliais : ce mot merveilleux de « MINORITE ». Mieux que la DEMOCRATIE, non ? Plus rien que cette coque vide dont l’humanité a été exclue. Plus un mot, juste un slogan.
Pendant ce temps, les femmes restent humaines, les hommes s'efforcent de le rester, les handicapés souffrent plus que les autres, les noirs râlent contre les arabes qui râlent contre les juifs qui râlent contre... On ne comprend plus très bien et c'est mieux ainsi. On pourrait aussi ajouter les religions, les végétariens, les nudistes, les fous, les philosophies. Et pourquoi pas, les martiens!
Les Martiens? Et bien, puisqu'il faut appartenir à une minorité pour Être - ce qui ne signifie pas le droit d'être réellement - et bien, je serai MARTIEN!