L’actualité politique du moment me gave. On ne fait que discuter des frasques de personnalités finalement insignifiantes en oubliant les vrais problèmes des petites gens, comme notamment celui du prix de l’énergie qui ne fait que monter même quand celui de la matière première baisse… Donc je vais parler d’autre chose. Ce week-end, une fois n’est pas coutume, j’accompagnais mes enfants dans le grand temple de la consommation moderne qu’est le centre commercial de la Part-Dieu à Lyon quand je me suis trouvé nez-à-nez avec une pomme géante…
J’ai découvert Apple et le Macintosh en 1991, autant dire en préhistoire. Je maniais déjà le DOS, et voyais dans la pomme, comment dire ? une révolution… déjà. Un an plus tard, l’objet de toutes mes convoitises déboulait à la maison : un LCII avec 4Mo de mémoire extensible à 12 (peut être même 16), un disque dur de 80Mo, un écran couleur, du son… J’étais le roi du pétrole ! Depuis, aucun PC n’est rentré à la maison. Avec un Mac, j’avais l’impression de faire partie d’un monde d’initiés, de privilégiés, une élite peu nombreuse fière de sa différente. Jamais une anicroche, que du bonheur, simple et robuste, fiable et sophistiqué, avec «think different», j’étais geek avant l’heure.
Tout passe, tout lasse, sauf les glaces. Des Macs de toutes sortes, il y en a toujours à la maison. Mes gones ne jurent que par leurs Imacs, leurs Ipods, leurs Iphones. Et pourtant, je me suis lassé. Les produits, machines comme logiciels sont toujours d’excellentes facture, mais le besoin d’innover et de créer sans cesse de nouvelles choses induit la création de toutes sortes de nouveaux besoins, de nouveaux comportements qui me déplaisent. L’Iphone est un outil merveilleux, mais qui provoque une addiction parfois maladive. Outil communiquant à l’extrême comme son grand frère l’Ipad, son utilisation courante conduit à s’extraire de la vraie vie si on n’y prend pas garde. Il y a eu aussi cette valse sur la musique en ligne via Itunes, où Apple vous proposait de payer à nouveau pour obtenir des morceaux sans DRM, morceaux que vous avez déjà payé par ailleurs… le tout dans un format propriétaire offrant une qualité sonore pas révolutionnaire pour un sou… Il y a cette obstination à refuser toute standardisation : impossible par exemple de concevoir un chargeur commun avec les autres fabricants de téléphone ou de baladeurs. Il y a aussi le prix, ce ticket d’entrée au club, qui pour moi est devenu prohibitif et inabordable pour finalement être tracé à chaque utilisation dans des fichiers cachés. Il y a encore la manière peu éthique et transparente de produire, notamment en Chine, en imposant des contraintes supérieurs aux règles locales… sans parler de l’impact écologique au moment de la production et du recyclage. Non, Apple ne me fait plus rêver.
Depuis plusieurs années, je suis passé au libre. C’est moins clinquant, moins classe, moins geek, moins cher, mais tout aussi efficace, et peut être même plus, dépendance en moins. C’est aussi en termes philosophiques que mon évolution s’est faite, dans un monde ouvert, de partage et d’échange, où le flux n’est pas que financier… Comme dit la publicité, cela ne change pas grand chose dans l’avancée du monde, mais pour moi, c’est important.
L’Apple Store de Lyon ouvrira le 4 juin à 9h30. Et pour moi, ce sera grasse matinée…