Pérou: dernier débat présidentiel avant le vote du 5 juin 2011.

Publié le 30 mai 2011 par Rastacusco @Rastacusco

Keiko Fujimori et Ollanta Humala se sont affrontés hier tant sur leurs idées qu’à travers des attaques millimétrées et longtemps répétées.

Au Pérou, les débats politiques se déroulent selon une organisation précise. Hier soir, les deux candidats devaient aborder quatre thèmes : la lutte contre la pauvreté, la sécurité et le narcotrafic, l’économie et l’inclusion sociale. Chaque candidat avait quatre minutes, chronomètre à la main, pour parler de ces thèmes. Le candidat adverse pouvait poser une question d’une minute, et écoutait la réponse d’une minute de son adversaire. Enfin, trois questions de divers citoyens ont cloturé ce débat.

Les deux préposés à la présidence ont largement respectés cette structure laissant penser qu’ils ont durement travaillé leur discours. En effet, ils ont très peu regardé leurs notes, et ont plutôt fixé la caméra, fixant ainsi le peuple péruvien.

KEIKO ET LA FAMILLE FUJIMORI

Ollanta Humala n’a pas manqué d’attaquer Keiko sur sa famille. Alberto Fujimori, ancien président enfermé pour 25 ans pour ne pas avoir respecté les droits de l’homme et avoir favorisé la corruption, est le père de Keiko, ce qui est loin d’être un avantage. Le gouvernement de son père a, de plus, été considéré comme un des gouvernements les plus corrompus au monde.

Le point fort d’Ollanta dans ce débat a été de ne pas vraiment faire référence à son père. Il a donc concentré ses attaques sur le fait que Keiko Fujimori était première dame à cette époque, et que, par conséquent, elle était au courant de tout ce qu’il s’est passé. D’ailleurs, ce nouvel angle d’attaque n’a pas eu l’air de plaire à la candidate Fujimori.

OLLANTA ET SON PASSÉ DE MILITAIRE

Keiko Fujimori a, quant à elle, préféré faire référence au passé du Commandant Ollanta. Militaire à la retraite, Ollanta est accusé d’avoir commis, directement et indirectement à travers son régiment, des exactions sous couvert de la lutte contre le terrorisme. Il aurait même payé un témoin pour qu’il change son témoignage afin de ne pas être inquiété par la justice.

Mais, Keiko Fujimori n’a pas vraiment insisté sur les liens supposés du candidat Ollanta avec le président vénézuelien Hugo Chavez. Point qui pourtant est l’un des arguments centraux des contre-Ollanta.

LES POINTS COMMUNS DES DEUX PROGRAMMES

Pour commencer, nous pourrions dire que des similitudes se retrouvent dans les propositions des deux candidats. Concernant la lutte contre la pauvreté, les deux affirment vouloir offrir une meilleure éducation et de proposer petit-déjeuner et déjeuner, en plus du bon matériel et de professeurs qualifiés, aux écoliers péruviens.

Les personnes âgées auront aussi le droit d’obtenir une certaine somme en compensation d’une vie de travail.

Les policiers se verront augmenter leur salaire et une meilleure organisation des commissariats ont été proposés dans le but de lutter contre l’insécurité et les bandes organisées liées au trafic de drogues et d’armes.

LES DIFFÉRENCES DE CHAQUE CANDIDAT

Mais la différence notable lors de ce débat entre Keiko Fujimori et Ollanta Humala est que la première se place en défenseuse de la constitution de 1993 ainsi que des traités de libre échange signés avec les États-Unis, l’Europe et l’Asie, et qu’elle veut conserver le système économique tel quel car il a été source de croissance.

Le second propose quant à lui de changer certains points de la constitution, et veut également renégocier plusieurs points des traités de libre échange. De plus, en tant que nationaliste, il se place en défenseur du peuple péruvien en proposant de réduire le prix du ballon de gaz, l’un des plus cher en Amérique du Sud alors que le Pérou a de nombreuses réserves ; et promet également de défendre les péruviens contre l’industrie minière qui spolie les terres des communautés et pollue sans être inquiétée. D’ailleurs, Ollanta Humala s’est directement adressé à la population de Puno, qui s’est récemment violemment soulevée contre une entreprise minière qui ne paraissait pas vouloir respecter la loi de concertation l’obligeant à consulter la population locale. Il a demandé à tous d’aller voter afin qu’il puisse, dès les premiers jours de son mandat, régler ce problème.

Nombre de péruviens semble encore indécis quant au candidat à choisir alors que les pourcentages montrent une légère avance pour Keiko Fujimori. Ce débat aura-t-il inversé cette tendance ? Les urnes parleront après le vote du 5 juin 2011 et les péruviens, passionnés et impatients, connaitront enfin leur président pour ces cinq prochaines années.