Le goût amer de la défaite étant quelque peu atténué, je me lance dans cette dernière review de la saison. Bien sûr, comme vous tous, j’aurais préféré vous commenter une victoire, mais ce n’est malheureusement pas le cas. Ce Barça-là était tout simplement trop fort et aucune équipe au monde n’aurait pu faire mieux face à tant de talent et de génie.
Non, nous n’avons pas à avoir honte. Notre grand malheur en cette période où nous connaissons une réussite inédite en Ligue des Champions, avec trois finales en quatre saisons, c’est que cela arrive au moment où la probable meilleure équipe de tous les temps détruit tout sur son passage. Barcelone est depuis deux ou trois saisons sur une autre planète, et il existe entre les Blaugrana et le reste du gratin européen une ou deux classes d’écart. Dans ces circonstances, qui ne seront pas éternelles, il nous faut nous réjouir. Oui mes amis, réjouissons-nous ! La priorité depuis le début de cette campagne, c’était le titre. Mission accomplie. Cette équipe décrite comme une des pires depuis des lustres est championne pour la 19ème fois et devient officiellement la plus titrée d’Angleterre. DTC Liverpool. Ajoutez à cela cette finale de CL et la demi en Cup, et vous comprendrez que, vraiment, il n’y a pas de quoi se plaindre. Ils ne me liront jamais, mais je remercie les joueurs et notre illustre manager pour l’immense bonheur qu’ils nous ont procuré.
En ce qui concerne le match, que dire ? Après un début encourageant de la part des Red Devils, les hommes de Pep Guardiola ont peu à peu pris le contrôle et confisqué le ballon. Après plusieurs alertes chaudes, l’ouverture du score de Pedro était logique, même s’il bénéficia d’un marquage quelque peu laxiste. Les occasions se sont multipliées devant les buts de Van der sar et nous voir égaliser par Rooney pour rentrer au vestiaire avec un score de parité tenait déjà du miracle. Si la première période fut largement dominée par Barcelone, la seconde sera carrément injouable pour les Red Devils, dépassés dans tous les compartiments du jeu. La qualité technique et collective, un Messi au sommet de son art et, par-dessus tout, un pressing infernal ne laissèrent aucune chance à notre équipe, où seul Wayne Rooney surnageait. A la vue des compos, l’espoir semblait pourtant permis ; Sir Alex alignait une équipe assez offensive, avec Wazza et Chicha, alors que le Barça se privait de Puyol pour aligner Abidal sur le côté, et Mascherano en défense centrale. L’espoir fut permis, mais pas longtemps.
Depuis le coup de sifflet final, beaucoup de « supporters » se sont mis à critiquer les joueurs. Certains en veulent à Evra, d’autres fustigent Valencia ou Giggs, qui redevient subitement trop vieux. Sérieusement, on est où là ? Certes, nos joueurs ont semblé impuissants, voire mauvais à certains moments. Evra était loin de Pedro, valencia n’a fait que des fautes, VDS aurait pu arrêter le tir de Messi, Chicharito aurait pu être moins souvent hors-jeu sur nos rares ballons intéressants… Mais devons-nous mettre cela sur une éventuelle méforme de nos joueurs ou sur l’immense difficulté à contrer ces artistes espagnols ? Croyez-vous que nos joueurs n’étaient pas bien préparés ? Croyez-vous qu’ils ne désiraient pas plus que n’importe lequel d’entre nous de remporter cette coupe ? Critiquer cette équipe à cause de ce seul match est aussi ridicule que déplacé. Prenez la défense, comment voulez-vous rester concentré 90 minutes non stop alors que les magiciens catalans multiplient les dribbles et les combinaisons dans le rectangle mancunien ? Non, on ne peut en vouloir à l’équipe. Dire que notre milieu de terrain est trop court en se basant sur nos performances à l’extérieur cette saison, OK. Dire que Valencia est une chèvre alors qu’il est juste énorme depuis son retour et fut décisif dans le rush final en Premier League , non. Même notre meilleur joueur des dernières semaines, Ji-Sung Park, a semblé dépassé par la vitesse d’exécution catalane, devons-nous le vendre pour autant ?
Non, sportivement, nous ne tirerons aucune leçon de cette rencontre. Juste que, tant que Barcelone jouera de la sorte, nous devrons nous contenter du titre de seconde meilleure équipe d’Europe (et donc, du monde). Ça fait mal au bide, mais c’est comme ça. Voir nos joueurs dépités, regardant leurs adversaires faire la fête est quelque chose d’horrible à voir, c’est ce qui m’a fait le plus de mal samedi soir. Pourtant, répétons-le, là où nous avions raté quelque chose en 2009, il n’y avait cette fois rien à faire, mais la jalousie et la frustration sont des sentiments très humains et je les assume. Sir Alex et David Gill vont avoir du boulot cet été. Recruter juste, remotiver les troupes, gérer les égos. Quand on y repense, cette élimination l’an dernier face au Bayern est encore plus gerbante car, pour une fois, le Barça avait chuté avant la finale. Nous restons donc bloqués à 3 succès en CL, un échec qui va en hanter plus d’un, Sir Alex en tête. Le facteur Wembley n’a pas opéré, malgré le magnifique tifo des anglais. « SPIRIT OF 68 » était le message adressé aux joueurs, mais la tâche était trop ardue.
Cette saison s’achève donc sans cerise sur le gâteau, mais est-ce si grave ? Moi, à choisir, je préfère le gâteau à la cerise. Cette saison fut riche en rebondissements avec les affaires Rooney et Giggs, les débuts en boulet de canon de Chelski, le but de Wazza contre City, la blessure puis le retour de Valencia, les surprises Chicharito et Smalling… Il est dommage que Van der Sar et probablement Paul Scholes terminent leurs carrières sur une telle défaite, mais ils peuvent être fiers du travail accompli, comme nous sommes fiers d’eux. Dans trois mois, nous aurons un titre à défendre et un 20ème à aller chercher. Ce bonheur me suffit amplement.
WE’LL NEVER DIE
United : Van der Sar, Fabio (Nani), Ferdinand, Vidic, Evra, Valencia, Carrick (Scholes), Giggs, Park, Rooney, Hernandez.
Pas utilisés : Kuszczak, Smalling, Anderson, Fletcher, Owen.
Homme du match : Seul Wayne Rooney est parvenu à légèrement s’illustrer, notamment en égalisant pour nous offrir quelques minutes d’espoir supplémentaire. A part ça, Lionel Messi est le meilleur joueur du monde, vous le saviez ?