Une belle soirée d'été, plutôt de printemps devenu très chaud, trop tôt, des amis, beaucoup d'amis dans un jardin et cette joie de se retrouver depuis le temps, depuis la dernière fois. Heureux de se revoir car les emplois du temps occupent les uns et les autres, les enfants qui grandissent, le sport et autres activités qui bloquent les week-ends. Ils étaient tous là, j'étais dans les fumées du barbecue, ce plaisir qui vous enveloppe, qui rime avec des odeurs de viande grillée, des crépitements, des flamechettes insidieuses qui veulent tout brûler. Je tâchais de circonvenir au mieux à mon statut de grill-man. Les amies passaient avec un verre, s'échappaient quand la fumée devenait brouillard.
Puis le calme s'est installé, le feu ronronnait, la braise cuisait les viandes, elle est venue, une inconnue. Elle avait un verre de jus d'orange "avec de la grenadine" me précisa-t-elle. Elle aimait sortir et humer la fraicheur du soir, cette humidité répondant à la rosée du matin. Prenant une chaise, elle s'installa proche de moi. Une amie, parmi celles que je connaissais ici lui avait parlé de mon métier, celui de community manager, elle souhaitait comprendre, elle souriait de savoir qu'un homme, un grill-man, s'occupait de lire, d'écrire des articles sur les femmes. Les questions fusaient, elle rigolait de mes réponses, de ma surprise, de cet interview sur le vif, presque sur le grill. Nous échangions de courtes pensées, en allant vers les grands sujets souvent évoquées, en pensant à la légèreté évoquée, et aussi aux tabous.
"La féminité" Voilà un étrange sujet, vous auriez pu choisir le sport, le foot, les voitures, voire la cuisine.
J'ai souri, en regardant son ventre rond, sa jeunesse de presque quadra, et je suis parti en direct sur les chemins d'un blog écrit en nuages de fumée, éphémères. Elle a écouté ma défense, mon choix, mes doutes et mes ecchymoses dans cette errance. J'ai avancé, elle m'a pris la main, nous avons fait un duo de pas ensemble dans ce jardin, en lui évoquant la beauté de cette fontaine conservée au naturel dans ce bosquet de fleurs sauvages. Les lumières comme celles de la sensualité, brillant dans la nuit comme une robe du soir, les étincelles de couleur, comme des tuniques de couleur. Elle voulait tout savoir, elle avait ouvert ma sensibilité, probablement avec les clefs de son ventre rond, une merveille sous sa petite robe noire. Féminine et enceinte, enceinte et féminine. Nous sommes rentrés à l'intérieur de la maison au chaud.
La discussion a continué, dans un coin, sur un canapé en cuir rouge, en regardant ses jambes, je ne les avais pas encore vues. Dans un impeccable collant opaque noir.
Nylonement