Selon le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), l'augmentation des niveaux de recyclage dans le monde est fondamentale pour évoluer vers une économie verte fondée sur de faibles émissions de carbone et une utilisation rationnelle des ressources. Pourquoi et comment ? Explications.
Selon un rapport publié le 26 mai par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), les taux de recyclage des métaux sont dans de nombreux cas très inférieurs à leur potentiel de réutilisation.
D'après l'étude, moins d'un tiers des quelque 60 métaux étudiés ont un taux de recyclage en fin de vie supérieur à 50 % et 34 éléments, dont beaucoup jouent un rôle crucial dans les technologies propres, comme les batteries de voitures hybrides ou les aimants d'éoliennes, ont un taux inférieur à 1 %.
" Malgré des efforts importants dans un certain nombre de pays et de régions, les taux de recyclage de métaux restent désespérément faibles et la " société du recyclage " ne semble qu'un lointain espoir ", estime ainsi le rapport Recycling Rates of Metals : A Status Report (Taux de recyclage des métaux : un état des lieux), compilé par le Panel international des ressources du PNUE.
Ces mauvaises performances sont particulièrement décevantes dans la mesure où les métaux, à la différence d'autres ressources, sont " intrinsèquement recyclables ", indique l'étude présentée au London Metal Exchange (Bourse des métaux de Londres) au Royaume-Uni, et à Bruxelles pendant la Green Week par M. Achim Steiner, sous-secrétaire général des Nations Unies et directeur exécutif du PNUE.
Ainsi, pour le PNUE, l'amélioration de la conception des produits, le soutien aux systèmes de gestion des déchets dans les pays en développement et l'incitation des ménages des pays développés à ne pas laisser dormir leurs vieux appareils électroniques dans les tiroirs et les placards, devraient permettre de développer le recyclage des métaux dans le monde entier.
" En théorie, les métaux peuvent être réutilisés à maintes reprises, ce qui permet de réduire le recours à l'extraction minière et au traitement de matières premières vierges, et d'économiser ainsi d'importantes quantités d'énergie et d'eau tout en réduisant la dégradation de l'environnement. L'augmentation des niveaux de recyclage dans le monde peut donc contribuer à la transition vers une économie verte fondée sur de faibles émissions de carbone et une utilisation rationnelle des ressources, tout en favorisant la création d'emplois verts ", a estimé M. Steiner.
Effectivement, selon certaines estimations, le recyclage des métaux offre une efficacité énergétique de deux à dix fois supérieure à celle de la fusion des métaux à partir de minerais vierges. Dans le même temps, l'extraction à elle seule représente actuellement 7 % de la consommation énergétique mondiale, associée à des émissions de CO2 qui contribuent au changement climatique.
Un autre rapport du Panel, également rendu public le 26 mai à Bruxelles, et qui s'intéresse au " découplage " entre taux de croissance économique et taux d'utilisation des ressources, note que l'extraction de minerais et de minéraux a été multipliée par 27 au cours du XXe siècle, un rythme supérieur à celui de la croissance du PIB au cours de la même période.
Il met en avant des éléments démontrant que l'ère des minerais bon marché et facilement accessibles arrive à son terme : par exemple, environ trois fois plus de matériaux doivent être déplacés pour extraire la même quantité de minerai qu'il y a un siècle, avec la dégradation des sols, de la qualité de l'eau et la consommation d'énergie que cela entraîne.
John Atherton, le directeur du Conseil international des mines et métaux (ICMM) a ainsi annoncé lors du lancement du rapport Recycling Rates of Metals : " Nous espérons que ce rapport incitera les décideurs et les concepteurs de produits à adopter la notion de cycle de vie lors de la planification du recyclage des matériaux. "
"Ce rapport fait date car c'est la première tentative visant à recueillir des informations exactes et cohérentes sur le niveau de collecte, traitement et réutilisation de métaux dans de nouveaux produits", a encore expliqué Thomas Graedel, professeur d'écologie industrielle à l'Université Yale et l'un des huit auteurs du rapport.
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