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Révolution numérique: aujourd’hui, musique et cinéma. Et demain ?

Publié le 30 mai 2011 par H16

Avec le récent eG8 qui a bien occupé la presse spécialisée, les geeks et moi-même la semaine dernière, on a pu constater que les gouvernants n’étaient jamais en manque d’imagination quand il s’agit de corseter tant et plus les technologies qui pourraient saper leur pouvoir. Et pourtant, ce n’est que le début…

En effet, quand on voit l’agitation qui s’empare d’eux pour protéger les industries médiatiques, puis leurs petits secrets, on se doute que lorsqu’Internet va commencer à s’attaquer, vraiment, aux choses sérieuses, l’enquiquinement (qu’on lit encore sur leurs faces replètes) fera place à la colère.

Attendez-vous à un véritable déferlement de lois, d’interdictions, de censures et de traques de la part des dirigeants à mesure que le pouvoir leur fuit entre les doigts.

Car pour le moment, Internet a essentiellement touché, de façon assez prévisible, quelques business-models dont la refondation a un impact sur la société que ces mêmes politiciens jugent contrôlable. La révolution numérique aura dématérialisé la musique, le cinéma, la presse, la photographie, et toute un catégorie de métiers qui commencent, bon gré mal gré, à s’adapter au changement violent de paradigme que cette révolution a entraîné.

Certes, les politiciens, entendant d’une oreille plus ou moins attentive les professionnels de ces secteurs, ont parfois accompagné et plus souvent ralenti les changements par l’habituel diarrhée législative sans laquelle ils n’existent plus.

Mais au final, et bien malgré eux, ils n’ont rien stoppé.

Pour faire court et illustrer le propos, on se rend bien compte que tous les jours, le droit d’auteur tel qu’il s’entendait il y a encore 30 ans est battu en brèche par cette révolution numérique : depuis Napster, l’industrie musicale n’est plus la même. Depuis l’avènement du P2P, l’industrie du cinéma, de la vidéo ne sont plus les mêmes. Depuis l’ouverture des vannes du haut-débit, les anciennes certitudes, les anciennes règles de droit s’effondrent sous le volume impressionnant de la vague numérique, tsunami redéfinissant de façon fondamentale et définitive la façon dont un artiste, un distributeur, un organe de presse ou d’autres vont gagner leur croûte. Et les gesticulations politiques n’y ont rien changé.

Or, comme je l’expliquais avant ces paragraphes joufflus, ce n’est rien à côté de ce qui nous attend.

La prochaine révolution touchera, cette fois, des piliers centenaires de la société : la banque et l’assurance. Oui, oui, vous avez bien lu.

La Banque tout d’abord…

Oh, au début, vous ne vous en rendrez pas compte, tout d’abord parce que cela va trop vite et surtout parce que c’est très très discret.

Cela a d’ailleurs déjà commencé, et Paypal n’était à peine plus qu’un apéritif.

On pourrait ainsi évoquer, rapidement, l’arrivée toute récente sur un marché bancaire bien spécifique de nul autre que Google, qui avec Wallet propose le micropaiement par téléphone portable. En effet, pour le moment, il s’agit essentiellement d’un nouveau moyen de paiement, avec, in fine, un compte bancaire traditionnel débité de façon traditionnelle.

Lorsqu’il sera possible, au travers de ce système, de payer par Paypal sa baguette de pain ou son ticket de bus, on comprend que l’hégémonie des banques telles qu’elles existent sera clairement menacée.

Mais ce n’est que le début.

C’est bel et bien l’arrivée des monnaies purement électroniques qui va, lentement mais sûrement, révolutionner le monde bancaire et la société.

Logo Bitcoin

Ces monnaies numériques, cette fois-ci totalement détachées du système bancaire traditionnel, sont pour le moment embryonnaires. On peut citer Bitcoin (déjà bien développé) ou Ripple (encore tout jeune), mais il y en a et en aura d’autres.

En substance, il s’agit de moyens d’échange de valeur répondant à toutes les caractéristiques nécessaires de la monnaie, avec les avantages que ces monnaies sont infalsifiables (car cryptographiquement sûres), décentralisées, et surtout, ne peuvent être détournées par des gouvernements ou une entité particulière.

Oh, certes, dit comme ça, on voit mal avec de telles raisons des millions d’internautes se précipiter pour échanger en masse leurs euros ou leurs dollars pour des Bitcoins ou de l’eCash. Mais si l’on y regarde de plus près, et si l’on tient compte du fait qu’il faut bien une dizaine d’années à une technologie numérique pour vraiment percer, on devine tout de suite les avantages d’une monnaie numérique solide à une monnaie traditionnelle émise sur le réseau bancaire :

  • Avec une telle monnaie, il n’est plus nécessaire de devoir faire confiance à un tiers.
  • Il en découle alors qu’aucun tiers ne peut empêcher ni contrôler vos transactions.
  • De même, les transactions numériques deviennent de fait gratuites (ou limitées au fait de posséder une connexion internet), ce qui fait une assez grosse différence avec les transactions bancaires traditionnelles taxées et facturées.
  • Et bonus non négligeable que tout économiste autrichien comprendra à demi-mot, les monnaies numériques mettent à l’abri des instabilités des systèmes à réserves fractionnaires, des politiques désastreuses des banques centrales.

En effet, par construction, l’inflation monétaire naturelle (provoquée par l’arrivée de nouveaux morceau de monnaie) est limitée car répartie de façon homogène (ici, par puissance CPU) à travers le réseau, au lieu d’être concentré dans les banques, et atteint de toute façon un seuil, la quantité de monnaie totale en circulation étant fixe.

Rien qu’en lisant ces caractéristiques, on comprend immédiatement la fureur et la panique qui s’empareront des gouvernants, des politiciens et des dirigeants de toutes les banques : plus de centralisation de la monnaie, aucune magouille possible pour écraser les épargnants par une inflation galopante, plus de possibilité de taxer à tout va, de scruter dans les poches des contribuables, de s’imposer entre le vendeur et l’acheteur.

Fini la TVA. Fini la réserve fractionnaire. Fini l’inflation artificielle. Fini le papier monnaie. Fini la notion de « paradis fiscal ». Fini les impôts.

Je parlais de panique et de fureur, mais je crois qu’on peut imaginer la folie, la rage avec la bave aux commissures des lèvres des politiciens qui hurleront à la mort lorsqu’ils auront compris (trop tard) que leur monde s’écroule.

Et on comprend très bien les arguments de Rick Falkvinge, le président du Parti Pirate, détaillés dans cet excellent article d’OWNI :

Imaginez les ramifications de cela pendant un instant. Les gouvernements dans le monde sont sur le point de perdre leur capacité à regarder dans l’économie de leurs citoyens. Ils risquent de perdre leur capacité à saisir des actifs, ils risquent de perdre leur capacité à collecter des dettes. L’usage de la force dans le monde ne sera d’aucune aide : tout est chiffré, et détruire un ordinateur avec toute la puissance de feu policière possible ne servira à rien. Toutes les armes du monde seront inutiles face à la capacité des gens à conserver leur économie chiffrée pour eux. Elles n’y feront pas la moindre égratignure.

Pour les étatistes, l’horreur ultime ?

Eh non : il y aura encore pire.

Il y aura aussi L’Assurance

Pourquoi ?

Tout d’abord parce que, comme le résume assez bien l’article de Maria Umbach paru en début d’année, les médias sociaux (à commencer par Facebook) ont trois éléments-clefs qui sont nécessaires pour le bon fonctionnement d’une assurance :
- une base de clientèle large et diversifiée
- des données statistiques fraîches, nombreuses et dont on peut tirer des tendances
- la conscience du fardeau que représente un risque non assuré

Ensuite, ces mêmes médias sociaux disposent de quatre atouts que l’assurance telle qu’elle existe actuellement n’a pas (et souhaiterait certainement avoir) :
- un niveau significatif d’implication de ses utilisateurs
- la notion de « marketing viral »
- un retour d’information quasi-instantané sur ce que les gens aiment, n’aiment pas, ce qui attire leur attention, à tout moment
- une bonne protection contre l’anti-sélection

(On pourra regarder avec profit la vidéo assez longue ici, qui détaille le sujet)

Tenant compte de ces éléments, il n’est pas difficile de comprendre que ces réseaux sociaux peuvent très bien remplacer, purement et simplement, les sociétés d’assurance telles qu’on les connaît. Comme le remarque l’auteur de l’article précédemment cité, il n’aura pas fallu plus d’une semaine pour rassembler, entièrement par SMS, 24 millions de dollars, lorsque Haïti a été dévasté par un tremblement de terre l’année dernière. Cet argent n’a pas transité par les banques, n’a jamais été géré par une compagnie d’assurance.

Dès lors, rien n’empêche d’imaginer, dans un futur plus ou moins proche, des structures qui collecteront, en avance, et en dehors des schémas d’assurances traditionnels, les sommes requises pour couvrir tel ou tel sinistre, fut-il pour une famille, un groupe de personnes, un individu.

Si l’on couple cette révolution aux monnaies numériques, on comprend immédiatement que ces modes d’assurances seront totalement indépendants des banques et des assurances traditionnelles.

Et on comprend aussi que l’ensemble des mécanismes d’assurances collectivistes mis en place par les différents Etats n’auront plus aucune raison d’être : d’une part, l’assurance « numérique » reposera sur la charité et la prévoyance et non plus sur la « solidarité », et d’autre part, par nature même de la monnaie échangée, elle ne pourra être obtenue par coercition.

Ici, en général, les collectivistes et les amoureux d’un socialisme über-redistributif de la misère pour tous, ceux qui aiment tendrement piocher dans les poches des pauvres pour remplir celles des riches, ceux qui adorent forcer les autres à subvenir à leurs besoins propres et pallier leurs faiblesses, ceux-là … pètent un câble.

Mais tout comme les agitations des politiciens n’ont finalement rien changé à la révolution numérique dans le multimédia, leurs gesticulations ne feront rien pour arrêter ce qui va se produire.

Cela prendra 10 ans, 20 ans, nul ne sait. Mais quand cela va se produire, attendez-vous à des cris et des hurlements.


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