Tomboy

Publié le 30 mai 2011 par Mg

Il en existe, des petits films français montés à la force du producteur, et pas franchement grand public. Tomboy, jolie petite bobine, aborde un sujet des plus délicats, tout en refusant toute dramatique. Se mettant à hauteur de ses sujets (des enfants), le film se veut plus un moment suspendu dans le temps, entre deux années scolaires, pour exposer sa thématique.

Laure, 10 ans, a l’allure d’un garçon manqué. A l’occasion d’un nouveau déménagement, elle s’impose auprès de ses nouveaux camarades comme Michael, leur nouvel ami. Tout irait bien, jusqu’à la rencontre avec Lisa, jeune fille de son âge très intéressée, et l’approche de la rentrée, qui vient ébranler son secret… Le film suit donc la jeune Laure dans sa tentative de mascarade, à trouver des solutions pour mettre en avant sa masculinité à travers les défis de sa bande d’amis. Un peu manichéen sur les bords, mais à cet âge là on l’est toujours, voilà Laure devenu Michael jouer au football, se battre ou autres activités forcément mâle. Tout ceci serait trop simple si le film ne tirait pas une limite plus claire aux agissements de la jeune fille. Entre un père relativement absent (formidable Mathieu Demy) mais qui ne fait rien pour arranger ça (le traumatisme de ne pas avoir de fils?), au final Laure baigne dans une absence de référence quand à son genre, obligée d’assumer le patriarcat par intérim de la famille face à sa jeune sœur et sa mère enceinte.

Tomboy, ou la jeune fille qui se prenait pour un garçon. Pensée à durée limitée (la rentrée viendra recader tout le monde), nous voyons donc Laure peu à peu acculée à son mensonge, obligée de feinter puis de fuir la réalité. Prise à son propre piège, les enfants pardonnent moins facilement que les adultes. Et puis comme si la parenthèse enchantée devait se refermer par elle-même, on passera à autre chose. Rien de dramatique, mais des questions en suspens. Laure se souviendra t-elle de ses errements? Deviendra t-elle une jeune femme classique? La sensibilité du portrait tiré ici ne permet pas d’exposer de grandes vérités, mais juste un petit moment de vie. Voilà un pari réussi, et une promesse tenue.