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Quelques idées reçues véhiculées sur l'économie sociale

Publié le 30 mai 2011 par Shadlaw @rachadlaw

1- Les EES existent pour faire travailler des gens exclus du marché du travail

Bien que certaines EES aient pour mission l'insertion professionnelle des personnes éloignées du marché du travail, ce n'est pas une caractéristique pour définir l'entreprise d'économie sociale. Les EES créent également des emplois pour des personnes scolarisées et qualifiées et ce, dans tous les secteurs d'activités.

2- L'ES est une économie pour les pauvres

L'économie sociale est un bon outil de lutte contre la pauvreté, mais c'est avant tout un modèle d'affaires qui s'inspire des valeurs de partage, de solidarité et d'égalité. Il n'est pas nécessaire d'être pauvre pour utiliser les services d'une entreprise d'économie sociale. On le fait d'abord et avant tout pour la qualité des services et des produits offerts
, pour leur proximité et pour les valeurs véhiculées.
3- L'EES = organisme communautaire

En général, les organismes communautaires répondent à des besoins sociaux en offrant des services gratuitement ou à faible coût à des clientèles démunies. Les entreprises d'économie sociale ne font pas dans la gratuité mais répondent à des besoins de la population par la vente de produits ou de services. L'aspect marchand des produits et services offres par les EES est primordial.

Les entreprises d'économie sociale vivent majoritairement des revenus auto-générés par la vente des produits ou services. Certaines peuvent avoir accès à des programmes de subventions parce que l'État leur a confié un mandat spécifique. En général, ces subventions représentent une part minoritaire des revenus de ces entreprises. Mieux, ce que l'on considère comme une subvention est souvent le fruit d'un contrat ou d'une entente de services entre l'EES et l'État. Par exemple, les entreprises d'insertion reçoivent un financement de l'État pour accomplir leur mission d'insertion professionnelle d'une clientèle difficile très éloignée du marché du travail. L'État devient ainsi le client de l'EES qui l'aide à résoudre des problèmes qui auraient coûté plus chers autrement.

En subventionnant les EES (par ex. entreprises culturelles) et en contractant des ententes de services avec elles (p. ex. les services de garde - CPE, les entreprises en aide domestique), l'État reconnaît ainsi la pertinence des entreprises collectives dans la structure socioéconomique et leur complémentarité par rapport à sa propre mission.

Bien qu'il persiste dans l'imaginaire collectif la perception que l'économie sociale vive aux crochets de l'État, il faut souligner que c'est plutôt l'entreprise privée à capital actions qui récolte la part du lion en matière d'aide gouvernementale: subventions de démarrage, de développement, de recherche; subventions salariales et pour la formation; crédits d'impôt; financement à des conditions avantageuses; contrats provenant des gouvernements. Par exemple l'industrie de l'asphaltage vit presque essentiellement de contrats gouvernementaux.

Le Québec est considéré comme le es subventions de l'État, il y a aussi l'ensemble des exemptions fiscales qui leur sont consenties. De 2004 à 2010, cette champion en matière de subventions des entreprises privées qui empochent des milliards de dollars sans garantie de contreparties pour l'État. Québec verse chaque année plusieurs milliards de dollars (6 milliards en 2007) à l'entreprise privée, et au profit d'une poignée actionnaires, pour soutenir d'hypothétiques créations d'emplois. En plus d aide fiscale aura grimpé de 730 millions $ pour totaliser 2,5 milliards $ . Si on ajoute les mesures d'application générale, il faut ajouter 1,1 milliard $ de plus qui sera consenti aux entreprises en 2010.

S'il y en a, les avantages dont peuvent disposer les EES s'accompagnent de contraintes comme :

- l'importance de la mission sociale qui peut limiter la rentabilité de l'entreprise;

- les EES sont inaliénables : contrairement à une entreprise privée, on ne peut pas vendre une coopérative ou un OSBL pour en récolter des gains personnels;

- l'impartagibilité des réserves dans le cas d'une coop;

- l'impossibilité de distribuer de dividendes et réinvestissement des excédents dans l'entreprise pour améliorer la qualité des services aux membres, etc.

Si toutes ces contraintes sont acceptées et les avantages si importants, alors pourquoi ne pas choisir un statut d'ESS pour en profiter ?

C'est un autre préjugé qui ne colle pas avec la réalité. Les entrepreneurs sociaux sont certes idéalistes parce qu'il veut mettre leur énergie et leur créativité au service du changement social, mais ils sont généralement réalistes dans leur analyse stratégique, leurs choix opérationnels et la mise en œuvre d'une stratégie adaptée.

Les entreprises d'économie sociale ont prouvé, par leur stabilité et leur durabilité, que non seulement cette double mission est possible, mais est également source de réussite potentielle. Il s'agit d'envisager un modèle économique dont la finalité n'est pas la seule rémunération du capital, mais un double résultat : social et financier (réinvestissement des profits dans la mission sociale).

Certes, certaines contraintes reliées à la gestion des ressources humaines, la gouvernance, la production, etc. sont parfois complexes à intégrer et peuvent représenter de grands défis dans une EES à mission sociale très forte, mais les qualités entrepreneuriales des gestionnaires, leur créativité, leur professionnalisme, leur ténacité et leur motivation feront toute la différence dans la conciliation de ces deux missions.

8- Tous les entrepreneurs sont des entrepreneurs sociaux à partir du moment où on crée des emplois, paie des impôts, on participe à une mission sociale...

Certes, on peut considérer le fait d'entreprendre comme une action sociale parce que cela a un impact social MAIS...il y a une différence fondamentale entre un entrepreneur social et un entrepreneur tout court. Les entrepreneurs sociaux ont pour finalité première de répondre à des besoins sociaux, l'outil économique est un moyen pour réaliser l'objectif social qu'ils souhaitent atteindre. Contrairement aux entrepreneurs traditionnels dont l'objectif premier est la maximisation des profits personnels, pour l'entrepreneur social, la finalité sociale prime sur la recherche du profit personnel.

Comme pour toute entreprise, le plan d'affaires est également un outil indispensable pour une EES. Il permet de définir la stratégie et les moyens à mettre en œuvre pour passer d'une idée à la réalisation d'un projet. Mieux, son élaboration est utile pour bien analyser la plus-value sociale attendue, identifier les conditions de la viabilité économique du projet, anticiper les obstacles et trouver les moyens de les aplanir.

Le plan d'affaires est un outil essentiel pour convaincre les partenaires potentiels du projet de sa pertinence, de sa faisabilité opérationnelle et de sa viabilité économique.


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