Brunschwig - Hirn © Futuropolis - 2011
« Le Pouvoir des innocents se passait en 1997 et évoquait l’accession à la tête de la ville de New York, de Jessica Ruppert, grande humaniste.
Nous sommes maintenant en 2007, Jessica, leader de l’opposition démocrate, est devenue la secrétaire aux affaires sociales du nouveau gouvernement, et de surcroît son premier membre !
Elle s’apprête à prononcer dans l’hémicycle du Congrès à Washington, un discours qui s’annonce déjà comme historique ! Toutes les télévisions et radios sont en place, les citoyens à l’écoute, ses ennemis à l’affût.
Pour opérer une révolution totale dans la façon de penser la politique du pays, afin de sortir de l’économie de marché, de la mondialisation et d’intégrer l’urgence écologique, elle va proposer 200 projets de réforme pour une société plus juste.
Mais, avant même de pouvoir commencer, c’est d’abord dans une lutte acharnée contre ses adversaires politiques, qu’elle doit se jeter… » (synopsis éditeur).
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Avec cette nouvelle série qui débute, Luc Brunschwig et Laurent Hirn prolongent Le Pouvoir des Innocents. Près de 10 ans après la sortie de Sergent Logan (tome 5), nous accédons à la suite annoncée (voir dossier de presse du tome 5) de cette série. La publication d’un second spin-off (!!), Car l’enfer est ici, débute en août prochain (story-board réalisé par Laurent Hirn et mis en images par David Nouhaud ; ce sera pour nous l’occasion de découvrir le parcours de Joshua Logan depuis la fin du Pouvoir).
Dans un billet publié en mars 2010 sur le blog de Futuropolis, Luc Brunschwig revient sur cette démarche :
Lorsque nous avons fini le Pouvoir, nous nous sommes demandés ce qu’allait devenir ce New-York uchronique entre les mains bienveillantes de Jessica Ruppert. On ne voulait qu’en avoir une idée, juste comme ça, pour se rendre compte. On s’est projetés en 2007, soit dix ans après les événements racontés dans notre série. On y a vu des choses passionnantes, un contexte social et politique complètement bouleversé par la présence sur l’échiquier de cette politicienne qui n’aurait jamais dû avoir la possibilité de se retrouver là… et malgré notre désir de marquer définitivement le mot fin au bas du Pouvoir, on s’est promis, avec Laurent, d’écrire et de dessiner l’histoire de cette autre Amérique, une fois fini le Sourire du Clown.
On en avait même le titre : LES ENFANTS DE JESSICA.
Cependant, entre le moment où nous avons fini le Pouvoir et aujourd’hui, New-York a connu un événement majeur qu’il semblait difficile de passer sous silence : je veux bien sûr parler du 11 septembre 2001 et de ses multiples conséquences géo-politiques.
Y avait-il un intérêt à mettre l’attentat le plus médiatisé de tous les temps en perspective avec celui plus américano-américain du Pouvoir des Innocents ?
Nous avons jugé que oui et décidé de créer un cycle entre le Pouvoir et les Enfants de Jessica que nous avons baptisé : CAR L’ENFER EST ICI.
Le résultat de cet opus de lancement fait taire les plus sceptiques qui, comme moi, sont devenus réfractaires au principe des spin-off. Mais le maître-mot pour définir cet ouvrage est « qualité », son univers est riche et percutant. Ceux qui n’auraient pas lu le Pouvoir des Innocents pourront comprendre et se saisir de cette intrigue socio-politique au ton juste. Pour les connaisseurs, le fait de savoir comment les liens entre les personnages se sont renforcés ou délités ajoute du plaisir à la lecture. Ils savoureront leurs retrouvailles avec des personnages attachants et découvrirons les événements qui ont eu lieu entre 1997 (fin du Pouvoir) et les faits relatés.
Dès les premières pages, on est pris dans le rythme du scénario. En (re)situant les faits via quelques personnages de la série-mère (Jessica, Amy, Freddy, Xuan-Maï), Brunschwig distribue le nouveau jeu de manière très fluide. Il maîtrise plusieurs niveaux du jeu narratif : de l’individu à la nation, en passant par les communautés et les lobbies. Il donne de la consistance à ses personnages, fouille leurs personnalités et leur donne la parole tour à tour. Autant d’ambiances qui seront mises en valeur par Laurent Hirn. En parallèle, le scénariste offre un regard d’ensemble sur ce nouveau monde mi-réaliste mi-fictif. Une atmosphère originale se dégage de cette uchronie sociale. Les quarante pages de l’album suffisent largement pour donner des fondations solides au récit. Comparé au Pouvoir, moins de voix-off, plus de dialogues… un univers plus mordant, plus assumé.
Au dessin, Laurent Hirn nous livre un travail aboutit. Son trait est réaliste et fouillé. On le sent à l’aise, assuré, le sentiment qu’il connaît parfaitement ses personnages. Il leurs donne une réelle présence et parvient à nous transmettre leurs émotions. Les choix de découpe de planches sont efficaces et donnent parfaitement la réplique au scénario. Agréable également le contraste entre la violence du contexte socio-politique et la douceur des visuels, offrant d’emblée une ambiance atypique et propre à cet ouvrage. J’ai vraiment apprécié les choix de colorisation où prédominent des ocres et des bleutés, ainsi que les jeux d’ombre et de lumière. Le résultat attire l’œil et incite à la lecture.
Ce premier tome annonce une série très prometteuse. A suivre !
Un interview des auteurs sur BDGest (avril 2011) : c’est ici.
L’avis de Spooky sur bdtheque, l’avis de Korrigan sur SDI.
Ma chronique sur Le Pouvoir des Innocents : c’est ici.
Les enfants de Jessica
Tome 1 : Le Discours
Série en cours
Éditeur : Futuropolis
Dessinateur : Laurent HIRN
Scénariste : Luc BRUNSCHWIG
Dépôt légal : mai 2011
Bulles bulles bulles…
Le plein de visuels sur cet album, c’est ici :
http://backstage.futuropolis.fr/debat/blog/prepublication-les-enfants-de-jessica-de-luc-brunschwig-et-l