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Fin de mois difficile pour les « indignados » de la Bastille
Publié le 30 mai 2011 par Gauche2gauche
La préfecture aurait-elle attendu la fin des journaux télévisés de 20 heures pour ordonner l’évacuation du parvis de l’Opéra Bastille, dimanche soir à Paris ? Après une après-midi d’occupation, les manifestants solidaires des «indignados» espagnols ont dû faire place nette sous les coups des gendarmes mobiles.
Un millier de personnes s’est réuni ce dimanche à l’appel d’un collectif d’espagnols vivant à Paris. Ceux-si se sont rassemblés tous les soirs depuis plusieurs jours sur les marches de l’Opéra Bastille. De nombreux soutiens se sont ainsi déplacés ce jour pour manifester leur solidarité, et participer à une grande assemblée générale censée définir les suites à donner à ces rassemblements.
Au delà des nombreux badauds admiratifs, beaucoup de jeunes parisiens, se disant tantôt «pacifistes» ou tantôt anarchistes sont venus renforcer les rangs espagnols. Des militants du Front de Gauche, ou du NPA ont également fait le déplacement mais l’ambiance n’est pas en leur faveur. En effet, beaucoup de participants ont exprimé dans la presse leur méfiance vis à vis des organisations politiques et syndicales, jusqu’à provoquer une certaine gêne de la part de militants se sentant exclus. Martine, à qui l’on a demandé de retirer son badge Front de Gauche, trouve «la punition exagérée». Elle, qui «n’a pas attendu aujourd’hui pour mettre en pratique son indignation», trouve injuste de s’en prendre à toutes les organisations sans distinction.
Tandis que les gendarmes mobiles se positionnent pour resserrer l’étau sur les manifestants, trois espagnoles analysent la situation. «L’attitude des [policiers] va conduire à une radicalisation de la mobilisation» regrette l’une d’entre elles, en catalan. En effet, vers 20h45, les gendarmes achèvent de se positionner et entament l’évacuation. Tandis qu’une partie des protestataires montent au front pour tenir tête aux forces de gendarmerie, les autres tentent de rappeler, en vain, les décisions de l’assemblée générale. «Pas de violence !» lance un jeune homme du haut des marches. Nerveux, les gardes mobiles répondent volontiers aux provocations lancées par quelques activistes, et les premières échauffourées annoncent une évacuation particulièrement violente.
Les occupants sont alors chassés sans distinction, certains traînés sur plusieurs mètres, et une vingtaine d’entre eux arrêtés par la police. Le parvis est finalement totalement vidé à grands renforts de gaz lacrymogène. À l’image de leurs camarades de Barcelone, les «indignados» parisiens se retrouvent expulsés par les forces de l’ordre. Pour un résultat probablement limité, puisque ceux-ci ne tarderont certainement pas à se retrouver dès demain sur ces mêmes marches de l’Opéra Bastille.