Posté par fdesbordes dans : ecrits (quand j'ai de l'inspiration),le 3eme roman - titre provisoire "Island voice",Non classé , trackback
Je suis entrée dans la danse, confusément, sans le vouloir. J'ai laissé mon verre sur le comptoir, attirée par cette main audacieuse qui s'était accrochée à mon bras.
Plus j'y pense et plus je me demande pourquoi.
Pour une fois j'ai laissé tomber mes armes et toutes mes défenses, oui, j'ai reposé mes guns en silence. Je n'ai rien dit. Plus de défiance, plus de méfiance, plus de on-dit, plus de non-dit, la musique comme seule appartenance. Je lui ai fait confiance et elle aussi, nos corps enlacées dans une chorégraphie improbable, oubliant tout sauf nos souffles assourdis par la tempête du rythme cardiaque qui s'accélère et ma cavalière qui mène le pas.
Elle a posé sa tête contre moi, cette dame au camélia. De sa beauté fragile il ne me restera que le parfum de son coeur reposé tout contre le mien et son baiser volé, ses lèvres effleurant mon cou, mon cou jaloux de cette dame au camélia qui s'abandonne dans les bras de gens comme moi.
3mn30 exactement. Le temps du vertige. Et je perd pied, ma résistance contrôlée qui voltige, je pourrais tout oublier et repartir accompagnée. Mais ce n'est pas Elle. Elle est juste un ersatz avec qui je pourrais me bruler les ailes, histoire d'enterrer définitivement mes états d'âme. Oui, je me pourrais me laisser bercer par cette lame de fond, amer écume, mousse blanche de remplacement; la dame au camélia toute en mousseline de soie. Mais à bien y voir, elle ne lui ressemble pas, sous les lampadaires d'un soir, ce n'est pas Elle que je tiens dans mes bras.
Sebastien Tellier a fini sa ritournelle, je retourne à la mienne. Nous nous sommes séparés. Ses doigts se sont attardés sur ma joue désemparée. Mes yeux mouillés qui disaient non. Alors la dame au camélia a séché mes larmes qui ne viendraient pas de toute façon.
Plus j'y pense et plus je sais pourquoi.