Même pas peur.
Les sorties de films de genre sont si rares en France que celle d’Insidious, de James Wan (réalisateur de Saw), constitue déjà en soi un petit événement relayé par une campagne promotionnelle conséquente. La déception est à la hauteur de l’attente entretenue : sans surprises et sans suspense, le film rejoint le clan des navets vite vus et, espérons-le, vite oubliés.
Avec déjà plus de 50 millions de $ de recettes au box-office américain (pour un petit budget de 1,5 millions de $), Insidious s’apprête à débarquer en France. Devant son énorme succès outre-atlantique, il n’en fallait pas moins pour que Jason Blum, l’un des producteurs, affirme qu’”il reste un marché pour les films de genre de qualité”. Sérieusement ? Si le public s’est rendu en masse devant le nouveau film de James Wan, ce n’est certainement pas pour sa valeur artistique. Au contraire. Insidious empeste l’anti-prise de risque par excellence, tant pour le spectateur qui ne sera jamais surpris par le film qu’il s’attend à voir, que pour les producteurs qui s’appuient sur un dispositif à ingrédients tellement grossier qu’il en devient déplorable et malhonnête.
Rarement un film aura révélé ses sources d’inspiration avec autant de vulgarité. Un rapide coup d’œil au synopsis ou au trailer suffit. Cette famille fraîchement installée dans une maison pavillonnaire et les phénomènes paranormaux qui s’ensuivent évoquent sans vergogne Paranormal Activity, tandis que les forces maléfiques en présence et la profusion grand-guignolesque rappellent l’excellent Drag me to hell. Inutile de dresser la liste des références martelées dans chaque scène : le scénario d’Insidious semble n’exister que grâce à ses aïeux, dont il amalgame le pire et le moins bon sans jamais parvenir à trouver son propre ton. Devant l’esthétique de train fantôme d’Insidious, même la Maison hantée de Disneyland semble plus terrifiante.
On aimerait alors en rire. Mais les violons auront beau crisser leur atonalité stridente, les acteurs sursauter une scène sur trois, rien n’y fera. Totalement égaré dans sa quête de cinéma, le film tente au passage un improbable délire à la Frost/Pegg. Mais trop systématique et par manque total d’originalité, Insidious échoue même à devenir risible. Aux commandes de ce gloubi-boulga du cinéma d’horreur mainstream, James Wan se perd tant dans l’inefficacité de sa mise en scène sans personnalité que dans sa direction d’acteurs. Tape-à-l’œil, démonstratif, bruyant, le film en fait des tonnes mais reste fracassant de vanité. Rien à dire, rien à montrer, rien à voir.
Sortie le 15 juin 2011
Photo : © Wild Bunch Distribution