Michel Destot et Marc Baïetto prennent une mesure exceptionnelle : réduire la vitesse de façon permanente sur les axes de contournement pour assurer la fluidité du trafic.
Dès 1986, le CETE d'Aix en Provence, organisme d'étude des directions départementales de l'équipement, remet un rapport très complet dans le cadre des études préalables à la décision sur l'autoroute Grenoble – Sisteron.
En janvier 1994, l'Agence d'Urbanisme de l'Agglomération
Grenobloise a publié un document technique qui était le fruit de travaux longs associant tous les partenaires concernés.
Ce document intitulé "le déséquilibre en marche, images de la région grenobloise" avait le préambule suivant : "afin de mieux cerner l'évolution de la Région Urbaine Grenobloise, dans la perspective de la réalisation du futur schéma directeur, l'Agence d'Urbanisme a réalisé un certain nombre d'études statistiques à partir des données du Recensement Général de la Population de 1990 et des précédents sur un périmètre élargi à 291 Communes".
Des chiffres majeurs étaient mis en évidence pour aboutir à des décisions politiques urgentes dont les chiffres suivants.
En 1975, un quart des emplois sur la Ville de Grenoble étaient occupés par des migrants venant d'une autre Commune. En 1990, ces chiffres sont passés à plus d'un tiers.
En 1975, 48 Communes de l'Isère avaient au moins 20 % de leurs actifs qui allaient travailler à Grenoble. En 1990, ces Communes étaient passées au nombre de 77.
Entre 1975 et 1990, les migrations quotidiennes entre l'agglomération et les extérieurs de première proximité ont augmenté de 130 % en volume.
En 1990, chaque jour 40 000 personnes extérieures à l'agglomération grenobloise venaient travailler dans l'agglomération grenobloise alors qu'elles n'étaient que 16 000 en 1975...
Tous ces chiffres justifiaient le choix du titre de cette publication technique : le déséquilibre en marche.
Que s'est-il passé de 1990 à 2005 ?
Toutes ces tendances se sont accentuées au point d'arriver au constat suivant : "Grenoble : une attractivité handicapée par les difficultés croissantes des déplacements. … Les principales voies d'accès sont engorgées aux heures de pointe et le moindre accident provoque un blocage complet de l'agglomération. Les transports ferroviaires ne sont pas au niveau requis pour une agglomération de cette taille...".
Qui dresse ce constat ?
Un bulletin interne de l'UMP qui, pour une fois, oublierait les querelles intestines pour penser aux priorités quotidiennes des citoyens ?
Non.
Une publication hérétique et marginale capable de s'exprimer à l'abri des dépendances commerciales ?
Non.
Ce constat d'une agglomération paralysée est dressé officiellement à la page 02 du rapport réalisé par les services du Conseil Général de l'Isère et publié le 14 juin 2005.
Le 1er constat avait été effectué en janvier 1994.
11 ans plus tard, une institution majeure (le Département de l'Isère) effectue un pas supplémentaire et officialise le constat quotidiennement opéré par des dizaines de milliers d'usagers.
Pourquoi ces constats ne sont-ils suivis d'aucune conséquence
pratique ?
Les voies de communication ont été victimes d'arbitrages politiques au sein des nouvelles majorités locales. Le poids déterminant des écologistes a paralysé les élus socialistes.
En juillet 1990, les élus socialistes et apparentés du Sieparg (mère de la Métro) publiaient une brochure de réflexion intitulée "l'avenir de l'agglomération grenobloise". Aux pages 22 et 23 figure la liste des signataires c'est-à-dire tous ceux qui sont maintenant en charge des dossiers de l'agglomération depuis 1995. A la page 13 dudit document sont mentionnés les objectifs prioritaires en matière de déplacements. Les engagements sont clairs. C'est la reprise des propositions de la DDE qui avaient obtenu un certain consensus. Il est donc question de l'aménagement de l'A 480, de la réalisation de l'U4…
Les Verts ont impacté deux dossiers de façon privilégiée : le gel des voies de communication et la place de l'automobile dans la Ville de Grenoble.
C'est aujourd'hui le temps des constats qui imposent des mesures drastiques rarissimes sur le reste du territoire national.
La Ville de Grenoble est-elle devenue la capitale des bouchons ?