Pour un gouvernement, faire appel à des sociétés militaires privées peut présenter diverses avantages tel que :
- faire baisser le coût d’une intervention armée
- faire diminuer le chiffre officiel des morts au court d’une opération
- ne pas engager officiellement son armée
- avoir des hommes efficaces et entraînés dans le cas de gouvernements ne disposant pas d’une armée de confiance
Les Américains sont de loin les plus enclins à les utiliser. Ainsi, le nombre de militaires provenant de Sociétés Militaires Privées (SMP) est supérieur aux contingents américains sur les terrains d’opérations. Et cela n’est pas prêt de s’arrêter puisqu’en 2011 l’Afghanistan devrait accueillir 130.000 civils sous contrat contre 100.000 militaires.
Parmi les grandes figures de ce marché estimé à 100 milliards de dollars, on trouve notamment Xe (anciennement connu sous le nom de Blackwater) qui fut racheté par USCT Holdings le 17 décembre dernier. Une transaction qui clôtura le chapitre du démantèlement la firme fondée en 1997 par Erik Prince. Ancien membre des SEAL, les forces spéciales de l’US Navy, il avait réussi à imposer sa société auprès du Pentagone et du département d’État et à devenir l’un de leurs principaux prestataires en matière de formation et de sécurité. En dépit de l’affaire de la fusillade du square Nisour, à Bagdad en 2007 (17 civils irakiens tués par des employés de Blackwater), et malgré une amende de 42 millions de dollars (suite à l’importation illégale d’AK47), Xe reste une affaire profitable. Son chiffre d’affaires ayant été d’environ 660 millions de dollars en 2009 et de près d’un milliard pour 2010.
Dyncorp joue également un rôle important dans ce milieu. En effet, cette entreprise rachetée par Cerberus Capital Management emploie 17.000 personnes, affiche un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros et fait également partie de l’International Peace Operations Association (IPOA), un lobby américain qui représente les intérêts des plus importants acteurs de « l’industrie de la paix et de la stabilité», selon ses propres termes.
Effectivement les SMP ne cherchent pas seulement à être présent en temps de guerre mais veulent aussi s’imposer comme agents de la paix et à ce titre, l’Afrique constitue un terrain de jeu idéal.
Dès 2004, Dyncorp décrochait un contrat visant à former les soldats de la paix au Soudan pour les États-Unis et des opérations d’assistance afin de contribuer à la construction d’infrastructures et au transport des troupes de maintien de la paix de l’Union africaine. Le chef du développement des affaires à Dyncorp, Will Imbrie l’avoue, « L’Afrique s’inscrit vraiment dans la cible idéale de l’entreprise ». Les entreprises américaines ont ainsi fait des offres pour les contrats des États-Unis et des Nations Unies d’une valeur de plus de 1,2 milliard de dollars sur les cinq prochaines années, et cela sans compter les opportunités très probables dans la sécurité des compagnies pétrolières, des équipementiers miniers, et d’autres sociétés occidentales opérant en Afrique. Depuis 2005, les entrepreneurs ont aidé les États-Unis à former près de 80% des soldats de la paix africains et quelques 39 000 soldats dans 20 pays.
Finalement, bien que ces sociétés militaires privées ne fassent pas l’unanimité auprès de l’opinion publique notamment à cause du flou autour des contrats obtenus et de leurs nombreuses bavures, leurs « qualités » les rendent quasiment indispensables. En effet, elles disposent d’une certaine impunité sur le territoire iraquien, permettent une réduction des coûts (de l’ordre de 6 à 10%) et permettent de limiter les pertes des soldats. En Irak, les pertes des SMP représentent 25% des pertes totales mais médiatiquement un mort SMP ne vaut pas un soldat G.I. Ces sociétés disposent donc d’un bel avenir devant elles.
G.B.