Bloy : "faux bonhomme" (sic Léautaud)

Publié le 29 mai 2011 par Loic_decrauze
Sa religiosité extrême, transpirante, m’éloigne de ses réflexions ; sa si peu catholique façon d’envoyer au diable ses affections, amitiés et accointances, sitôt obtenu tout le soutien financier qu’il pouvait en espérer, me gêne. Tracé de génie dans le style, fulgurances apocalyptiques, mais sangsue repoussante dans la vie. La tonalité larmoyante, sous enrobage stylistique, de courriers pour amollir la proie à pressurer, peut être vite suivie, en cas de déception avancée ou de refus persévérant, d’une cinglante réaction. Versatile opportuniste Bloy ? Pas loin de le penser… La pauvreté affichée (qui ne l’empêche pas d’avoir une bonne !) n’excuse pas tout. Ce manège, Bloy qui louvoie puis Bloy qui grogne en fonction de ce qu’il peut retirer ou de ce qu’il estime devoir évacuer de son champ de conscience, m’évoque la caricature humaine qu’a si lumineusement campée de Funès… On roucoule devant les forts et on aboie sur les faibles. Plus vicieux chez Bloy, et peu comique de surcroît : sérénade onctueuse pour celui qui peut vous nourrir ; rage expectorante contre celui qui ne verse plus ou ne versera pas.
(13 juillet 2008)