Beaucoup plus tard, devenu journaliste – comme Jean-Luc Coatalem –, Lucas, le narrateur, part à la recherche de ce presque frère égaré dont la légende prétend qu’il est retourné sur le lieu de ses origines. Au Cambodge, le journaliste ne trouve que les ruines des temples, ce qu’il reste d’une ville dont des archéologues tentent de reconstituer le passé et des interrogations sur sa propre vie. En particulier sur l’étrange attirance suscitée par l’Asie. Ce qu’il appelle un tropisme asiatique. Traduit, dans son cas, par l’amour d’une jeune femme qui comprendra n’avoir pas été choisie pour elle-même mais comme représentation de quelque chose qui la dépasse. La quête de Bouk, dont le véritable nom, Attitya, prend progressivement le dessus, semble vouée à un échec qui précipite aussi la fin d’une liaison.
Mais, comme dans un récit initiatique, même si l’initiation est tardive, le temps passé à définir ce qu’on cherche est au moins aussi important que de le trouver. La tentative de relier le passé et le présent telle que la conduit Lucas est sa manière de remettre en place les éléments d’une vie dans laquelle les silences ont laissé des zones inexplorées.
Le dernier roi d’Angkor dessine la place d’un manque affectif creusé aussi par l’absence du père. Et dont le comblement est une vue de l’esprit conçue par un Blanc parfois renvoyé avec rudesse à des désirs trop occidentaux et non partagés. En parallèle, moins pour expliquer que pour éclairer, le romancier pose l’histoire d’Hergé et de Tchang, personnage du Lotus bleu inspiré par une amitié authentique.