Ce blog s'est parfois risqué à parler un peu "sérieusement" politique. Inutile de dire que les derniers jours et semaines rendent absolument vain ce type d'exercice.
Non pas que j'aie cru à aucun moment en Nicolas Sarkozy, j'ai dès l'abord dit que sa stratégie n'était pas ma tasse de thé. J'ai ensuite dit, en dressant un parallèle avec Bayrou, que certains éléments m'inquiétaient : notamment le non-respect de la laïcité et la connivence entre les groupes privés et les médias (combien ces quelques mois me donnent déjà raison !). J'ai également dit que je trouvais son augmentation de salaire scandaleuse, quant à son pack fiscal je n'y ai pas beaucoup cru.
Bref, la politique de Nicoals Sarkozy ne me paraissait pas aller dans le bon sens, mais enfin, on pouvait encore vaguement parler de "politique". Depuis les dernières semaines, je crois qu'on a (définitivement ?) basculé dans autre chose, qui oscille entre le pathétique et le grotesque, d'Eurodisney au mariage à la plainte en justice pour "faux et usage de faux". Voici donc qu'après seulement huit mois de pouvoir, nous en sommes déjà à ce niveau... J'avoue humblement que malgré ma tendance à la critique et au pessimisme, malgré le fait que j'étais persuadé qu'on finirait par en arriver là, je n'aurais pas cru que cela puisse aller si vite et surtout avec de tels événements !
Je serais bien en peine de me livrer à des pronostics, mais je peux en revanche constater une chose simple : le désenchantement qui s'annonce était inévitable. En effet, l'une des grandes leçons du stoïcisme est la suivante : la déception est toujours à la mesure de l'intensité du désir qui la précédait. Or, pour une raison inexplicable, Sarkozy avait réussi à faire croire à pas mal de gens (y compris des gens intelligents, c'est ça qui ne laisse de me fasciner) que "tout devenait possible". Il avait suscité un grand espoir et un réel enthousiasme. Et, même chez ceux qui combattaient ses idées, il y avait quand même ce souffle, cet idéal, enfin bref la campagne présidentielle avait joué complètement là-dessus : le mythe du changement, de la rupture, le mythe du pouvoir absolu du Président de la République, le mythe du "ré-enchantement" de la politique.
Là encore, je reste persuadé que ce que je disais avant même l'élection de Sarkozy dans une chronique intitulée "En finir avec les présidentielles" était juste. Je ne suis pas sûr que beaucoup de gens soient d'accord avec moi, mais je persiste et je signe : la responsabilité n°1 que porte Nicolas Sarkozy, mais de ce point de vue Ségolène Royal n'était pas mieux, c'est d'avoir fait croire précisément que "tout était possible". Non, tout n'est pas possible, et il n'est d'ailleurs pas souhaitable que tout soit possible. Chacun a ses limites. Plus que ça, il n'est pas sain que tout repose sur une seule personne. Bref, le mythe du Président de la République sauveur et tout-puissant a fait long feu. Pourquoi ne pas essayer de miser sur la raison et sur la modestie, sur le partage des pouvoirs, plutôt que sur la démagogie et les promesses mirobolantes qui, par définition, ne pourront être tenues ?
Malheureusement ce n'est pas Ségolène Royal, si elle reste à la tête du PS, qui pourra constituer une alternative crédible à Nicolas Sarkozy. De son livre à ses dernières apparitions (le must étant chez Drucker), elle a prouvé, s'il en était besoin, à quel point son positionnement, son discours et sa vista (comme dirait Raffarin) étaient profondément à côté de la plaque.
A suivre...