Le 25/05 à 21h sur la chaîne TOUTE L’HISTOIRE : « Voyage aux sources de la foi ; la vie, l’univers, le Grand Tout » .

Par Ananda

Un temple zoroastrien, encore aujourd’hui, en Iran : nous y voyons le FEU SACRE de bois de santal, entretenu par un prêtre qui porte un masque pour éviter de « souiller la flamme », laquelle représente « la pureté, la sérénité et l’absence de substance », autant de qualités étroitement liées à la notion même de dieu, cette entité inconnaissable.

Oui, le monde où nous vivons baigne dans la croyance humaine en « un vide » situé « au centre de l’univers », vide qui « dépasse la vie » et qu’il faut à tout prix « combler ». D’où la notion de dieu, qui habite l’Homme.

Reste à savoir : « pourquoi l’Homme a-t-il commencé à croire en dieu ? »

Pour le Professeur britannique Robert WINSTON, ça ne fait pas de doute : l’Homme a en lui « le désir de se fondre dans quelque chose de plus grand que lui » qui serait aussi « l’ultime réalité », et « raconter l’histoire de Dieu, c’est raconter aussi celle des hommes » et ainsi « comprendre mieux ce que c’est qu’être humain ».

Et, du temple zoroastrien, nous passons au sud de la France et à ses fameuses grottes ornées du paléolithique supérieur.

Winston continue : « la vie, l’univers, le grand Tout ; les êtres humains sont fascinés par le divin ».

C’est un fait, « l’existence de Dieu commence au plus obscur des grottes », dans « les profondeurs de GARGAS » dont Jean CLOTTES nous dit que « c’est là que vivaient les dieux, les esprits des morts et les puissances surnaturelles ».

Pour le spécialiste, « ces dessins [les dessins rupestres] sont autant de façons de communiquer avec l’au-delà ».

Dans la cavité de Gargas, nous trouvons « des centaines d’empreintes de mains » vieilles d’environ 28 000 ans. Les préhistoriens sont de plus en plus persuadés qu’elles sont le témoignage d’une volonté de se connecter avec l’univers surnaturel, un univers surnaturel qui, sans doute, pour les chasseurs-cueilleurs du paléolithique, se trouvait tout bonnement à l’intérieur de la roche même. Poser sa main était une façon de se rapprocher des « puissances ».

D’après la vision animiste (première forme de religiosité à voir le jour chez l’Homo Sapiens), « chaque chose, chaque être possède une âme reliée au Grand Tout ». On sait maintenant expliquer la raison de telles croyances ; il faut la voir dans le propre de l’Homme, dans la nature humaine : la conscience humaine est profondément séparatrice et, de tout temps, l’Homme s’est perçu comme séparé, à part du monde qui l’entoure. Une « séparation » qu’il vit comme un manque, d’une manière assez douloureuse.

Mais revenons à la grotte de Gargas : tout en montrant à Robert Winston, parmi les innombrables mains murales, « une empreinte particulièrement nette » », Jean Clotte explique comment procédaient les hommes préhistoriques. « Ils posaient leurs mains, et prenaient de la peinture, qu’ils soufflaient », sans doute en référence au « souffle de vie » (cela devait faire partie du rituel). Alors, « la main se fondait dans le mur et acquerrait un pouvoir surnaturel ».

A signaler, cependant, dans le cas qui nous occupe, un fait étrange : « il manque à certaines mains un ou plusieurs bouts de doigts ». Tout se passe comme si les doigts avaient été pliés, peut-être en rapport avec un « langage des signes » lui-même lié à des codes de chasse.

Les chasseurs adressaient-ils leurs prières à l’esprit de l’animal qu’ils chassaient ou comptaient chasser ?

Il ne fait pas de doute que « de nombreuses requêtes étaient adressées aux esprits par nos ancêtres ».

Cependant, au point de départ de la religion, il y aussi la MORT.

« La mort est au centre des préoccupations humaines depuis la nuit des temps », c’est avéré. Ne trouve-ton pas dans une très vieille grotte d’Espagne les premiers témoignages (à ce jour) d’un culte rendu aux défunts, voici 300 000 ans ?

Les Pr Winston poursuit : « la conscience de la mort est étroitement liée à la conscience de la vie » et l’instinct de soin aux morts (obsèques) caractérise l’être humain. Là-dessus on s’est interrogé, et l’on suppose maintenant qu’un tel « instinct » découlerait, au départ, du « dégoût instinctif pour la charogne ».

Assez inattendue, l’explication, pourtant, se tient : l’Homme est dans l’incapacité de « consommer de la viande pourrie », laquelle serait tout à fait préjudiciable à son organisme. Dans les tout premiers temps, on redoutait probablement que les dépouilles de défunts soient vouées à être dévorées par les charognards. Les premiers enfouissements de cadavres humains auraient découlé de cette crainte.

Source d’angoisse liée à la rupture de lien avec les proches et à la dissolution de l’être même, la mort provoque de nombreuses questions, dont la principale est, bien sûr, « que se passe-t-il après ? »

Les Pr Winston se pose, ensuite, un autre type de question : « comment l’idée d’UNE puissance divine a-t-elle vu le jour ? »

Quand il s’agit de répondre à cette interrogation, nos connaissances actuelles nous ramènent toutes à une période bien précise et cruciale dans l’histoire de l’humanité, celle du néolithique où, voici 10 000 ans, a émergée dans le mode de vie une toute nouvelle donne, l’agriculture. Très tributaire des cycles saisonniers et météorologiques, cette dernière exigeait que l’on se conciliât les conditions météo et le reste ( « pluie abondante, soleil radieux, préservation du bétail de la maladie, préservation des outils et des habitations ») au moyen de « religions organisées ».

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le chasseur ne prie que pour la chasse ; en revanche, l’agriculteur doit penser davantage à long terme, son activité nécessite une organisation accrue et se met donc à impliquer un « contrat avec la Nature ». La vie est beaucoup plus réglée, avec des « jours de prières à part » (pouvant se concilier avec l’activité agricole, très prenante), des gens spécialisés dans l’organisation des rituels : c’est le moment où apparaissent « calendriers, prêtres et temples ».

Nous suivons le Pr Winston au Mexique, sur le site de « la Pyramide de la Lune », dans les ruines de Teotihuacán. La civilisation précolombienne méso-américaine de Teotihuacán demeure très mystérieuse. Si l’on sait que la cité fut fondée il y a 2 000 ans, « la langue, la culture de ce peuple disparurent ensuite à jamais ». Elle ne nous fut connue que par l’entremise des AZTEQUES MEXICA, qui furent les premiers à redécouvrir ses ruines, et qui en furent fort impressionnés.

Les Aztèques eux-mêmes, en pratiquant le sacrifice humain à très grande échelle (il s’agissait tout de même de la mise à mort rituelle de « milliers d’êtres humains »), livrèrent un « vibrant message » : « vous avez reçu des dons des dieux, vous devez leur donner en retour ce qui vous est le plus précieux » (innocence des enfants, chasteté des vierges et/ou force des guerriers ) ».

Voilà qui était clair, et les Aztèques n’y allèrent pas de main morte : leurs sacrifices visaient, d’abord, « l’arrachement du cœur d’un vivant », ce qui les intéressait étant « le cœur en train de battre ». Pour ce faire « ils utilisaient une obsidienne recourbée », avec laquelle ils incisaient le thorax au niveau de la côte gauche, alors que le corps du sacrifié était plié en arrière sur une pierre. Un vase de pierre appelé CAUXICALI recueillait ensuite le cœur encore chaud, palpitant. Ces pratiques avaient cours « à une échelle quasi industrielle ». Elles furent les sinistres témoins d’une « soif unique et terrifiante ».

Les temples de l’Antiquité proche-orientale, sans atteindre à une pareille démesure sacrificielle, étaient, ne nous leurrons pas, « autant des abattoirs que des lieux de prière ». Fait de toute première importance, ils employaient des scribes, de sorte que « l’écriture révolutionna la religion ».

Le Pr Winston se rend au BRITISH MUSEUM où il nous présente Erwin FINGLE, lequel, à son tour, nous présente des exemples de l’écriture cunéiforme de l’ancienne BABYLONE.

Ils contiennent, au tout début, de « simples listes d’offrandes » puis ensuite « les listes des dieux eux-mêmes ».

Très grand spécialiste, Fingle tient à souligner que cette période-là constitue « une période particulièrement intéressante de l’histoire des religions ». Pourquoi ? Parce que les dieux y sont, pour la première fois, « classifiés, regroupés par catégories ».

Les premiers mythes de la création, les premiers récits mythiques émergent aussi à cette époque et dans ce même lieu, l’Irak antique. : « il s’agissait d’expliquer comment la création a jailli du chaos aquatique ».

La classification dénote un formidable effort de synthèse et de simplification religieuses : « les dieux [pullulants] ne sont [désormais] plus que les différentes facettes de MARDUK », le dieu suprême. La notion d’avatar voit le jour. Quant à l’Homme, il « fait partie d’un système, et son rôle est de servir les dieux ». Il s’y emploie avec une « ferveur mystique » bien sentie.

Si l’on veut comprendre cette ferveur mystique et, en quelque sorte, la « retrouver intacte » de nos jours, c’est vers l’INDE qu’il y lieu de nous tourner.

L’HINDOUISME propose « un Homme fait à l’image des dieux ».

Nous voici à présent, pour illustrer le propos, à MADURAÏ, en pleine célébration rituelle du mariage de SHIVA avec MINAKSHI. Nous voyons le char de VISHNOU, « qui est toujours en retard à la cérémonie, et rebrousse chemin à chaque fois ». « 500 000 pèlerins » sont amassés dans les rues pour saluer le cortège des fiancés divins.

On voit aussi défiler des visages remplis d’émotion spirituelle, qui sont extrêmement émouvants. Le spectacle donne une image de l’Hindouisme toute en « couleurs chatoyantes » et en « tumulte ».

Il n’en reste pas moins que l’Hindouisme est une religion « complexe », subtile, et ce même si elle exprime des opinions très « radicales ».

Les origines exactes de la pensée hindoue restent obscures. Elles remonteraient selon toute probabilité à la fusion, voici 5000 ans, des croyances de « tribus nomades » d’envahisseurs, les Aryens (qui avaient apporté les VEDAS) et des croyances tout à fait autochtones des « fermiers » indiens qui, eux, étaient viscéralement attachés aux Déesses (un reste de « matriarcat » ?) et croyaient en la réincarnation. L’Hindouisme serait donc – et c’est heureux – le résultat d’un métissage…ou de plusieurs, ce qui expliquerait son caractère complexe, fabuleusement riche. En effet, cette religion a en fait « un nombre impressionnant de manifestations différentes ».

Un spécialiste indien interrogé par le Pr Winston nous affirme même qu’ « il y  autant de manières d’être hindou que d’Hindous », ce qu’il traduit par l’heureux vocable de « démocratie spirituelle » !

Le « pluralisme » semble être une tradition à laquelle les Hindous tiennent. Elle se traduit par « une extrême variété de croyances ».

Quelles sont les voies pour « ne faire qu’un avec Dieu » qui s’offrent à l’Homme, selon l’Hindouisme ?

Parmi elles, il est une voie de choix : « les icônes sacrées » qui sont installées soit dans les temples, soit sur des sanctuaires individuels (autels).

En Inde, on lave, on nourrit les statues des dieux, « on les comble d’amour ». Particulièrement présentes et prisées, celles de GANESH, dieu de la sagesse qui a aussi « goût prononcé pour les pâtisseries »

Chaque jour de prière est, pour l’Hindou, jour de joie, jour de la « joie de revoir les icônes », qui est on ne peut plus réelle.

« Chaque icône est considérée comme une porte vers l’infini » et donc, le DARSHAN (vision du dieu) vous « submerge » automatiquement de spiritualité. En Inde, la dévotion est partout, et nul ne peut s’y soustraire. On peut sans risquer de se tromper le moins du monde voir en ce pays un pays qui « vibre pour Dieu ».

La BAKHTI (amour divin) mobilise une « réflexion très profonde » : en se focalisant exclusivement sur la prière et sur son objet, Dieu, on doit apprendre à « mettre de côté les désirs ». Toucher Dieu implique de « se libérer de la prison de la conscience humaine » par ce que l’on nomme la MOKSHA.

Le Pr Winston met le doigt sur le « fascinant paradoxe de l’Hindouisme » : « plus une religion compte de dieux, moins grande est la valeur de chaque dieu ».

Conséquence : si l’Hindouisme compte pas moins de « 330 millions de dieux », BRAHMA est lui seul « l’ultime réalité ». Il est « infini, éternel, imperceptible », et pourtant présent en chaque être, à la racine du monde, en sorte que « nous sommes tous Dieu » (même si nous l’ignorons).

L’idéal de l’Hindouisme est donc que l’humain se libère de l’humain. Au rebours du christianisme, qui fait de Dieu un homme, l’Hindouisme veut faire de l’Homme un dieu, en l’expurgeant du désir, de l’ego, de la conscience, en bref de tous ses attributs typiquement humains qui sont autant de faiblesses, de limites, d’illusions, et donc de fardeaux. Il tend à grandir l’Homme spirituellement.

Issu de l’Hindouisme, voici maintenant le BOUDDHISME.

BOUDDHA (l’Illuminé) ne contesta jamais l’existence des dieux hindous ; pour lui, simplement, ces derniers ne jouaient aucun rôle dans le « fardeau de l’humanité ».

Pour lui, la souffrance inhérente à l’incarnation pouvait prendre fin en se « débarrassant de l’attachement » (et notamment de ses objets, à savoir les biens de ce monde).

Le Pr Winston nous entraîne sur l’île de SRI-LANKA restée encore à majorité bouddhiste, très exactement à la « cité sacrée » de PONNUWARANUWWA qui fut fondée il y a 1000 ans.

Nous apprenons, par lui et de la bouche d’une moine bouddhiste cinghalais que « le Bouddha n’est en fait jamais mort, il a atteint le Nirvâna », que dans l’optique bouddhiste, « la foi est une confiance basée sur le savoir » et que « tout le monde peut accéder à l’illumination ».

A retenir aussi : le Bouddha (Siddhârta GAUTAMA, prince indien à l’origine) n’a jamais renié son humanité ; il ne voulait pas qu’on le considère comme un dieu, ni même un avatar.

Le Bouddhisme est « l’une des croyances les plus pragmatiques du monde ». Sa dimension presque athée attire vers lui de nombreux occidentaux.

Le Bouddha a réussi à « réduire à néant les dieux de l’Hindouisme ». N’en apparait-il pas pour autant comme une espèce de variante de ce dernier ?

Après le cas du Bouddhisme, revoici celui du ZOROASTRISME d’IRAN. Il est intéressant, ici, de découvrir une religion peu connue, qui régna cependant sur toute la Perse antique.

Pour celui qui fut son prophète, ZARATHOUSTRA, AHURA-MAZDA est le dieu. Dieu engagé dans un « affrontement moral et cosmique entre le Bien et le Mal ».

Tradition « plusieurs fois millénaire », le Zoroastrisme a pour « essence », pour « profession de foi » « de bonnes pensées, de bonnes paroles, de bonnes actions » pour faire croître le Bien.

Le prophète Zarathoustra n’était autre qu’un « Aryen brahmane » qui vivait au centre de l’Iran il y a plusieurs millénaires. Au départ, il partageait la foi des siens en « les dieux du feu, de l’orage, du tonnerre ». Puis, touché par une soudaine « illumination », il prit conscience que la panthéon aryen n’était qu’une pure « méprise », et qu’en fait, seul existait Ahura-Mazda, le « seigneur sage ».

Un peu de la même façon que, dans l’Hindouisme, Shiva terrasse le nain de l’ignorance par sa danse cosmique, Ahura-Mazda mène une « lutte titanesque » contre ARIMAN qui représente le Mal, l’ignorance.

Les Zoroastriens sont persuadés que « les forces du Mal sont vouées à disparaitre » ; ils disent : « nous travaillons main dans la mains avec Dieu pour faire du monde un endroit meilleur ».

Pour eux, pas de réincarnation, « ceux qui ont choisi le Bien vont [ après la mort] dans la Maison du Bonheur ».

Les morts zoroastriens étaient autrefois déposés dans les TOURS DU SILENCE, édifices ouverts où leurs dépouilles étaient exposées aux vautours. A présent, l’Islam ne tolère plus de semblables pratiques et leur impose l’ensevelissement en bonne et due forme.

Les Zoroastriens non plus ne manquent pas de subtilité : « Dieu est constitué de toutes les infimes parties que nous sommes », et « il est impossible de le définir ». En conséquence il est logique de penser que « toutes les religions sont utiles » et qu’on ne devrait en laisser aucune disparaître.

Hélas pour lui, le Zoroastrisme, même s’il a profondément marqué l’âme du peuple perse, n’est plus que l’ombre de lui-même.

« La vie n’est que l’antichambre de la mort », enseignait Zarathoustra.

P.Laranco