Un volcan s'éteint...

Clermont ne réussira donc pas la passe de deux. Et pour la première fois depuis 2007, l'ASM ne figurera pas à l'affiche de la finale du Top14.

Ce n'est pas tout à fait une surprise au vu de la saison régulière, qui n'avait pas laissé la même impression de montée en puissance que les années passées. Pour autant, on sentait l'équipe se souder, au fil des matches, autour d'un projet de jeu peut-être moins ambitieux que les saisons passées, mais capable de lui permettre de décrocher la timbale. Malheureusement pour l'ASMCA, il y avait sur le pré, hier soir, un Stade Toulousain plus solide, plus complet et plus efficace qu'elle.

La composition du XV de départ et du banc Clermontois laissait présager un gros combat devant, combat auquel Toulouse s'était visiblement bien préparé. A la différence des précédents adversaires de l'ASM, les hommes de Guy Novès n'ont pas baissé de pied en deuxième mi-temps, ne permettant pas à la machine auvergnate de les déborder. En fait, Toulouse a parfaitement géré son match et les moments clés de la rencontre.

En débutant sur les chapeaux de roues, menant 10 à rien en dix petites minutes, le Stade a ensuite patiemment refoulé les tentatives clermontoises, plus vaillantes que réellement dangereuses. Mené 13-6 à la pause, les jaunards ont tenté en deuxième mi-temps d'écarter davantage les ballons, les conservant bien mieux qu'en première période, laissant penser qu'ils pourraient peut-être inverser la tendance. Las pour Clermont, Toulouse n'a pas connu de baisse de régime, tout au plus un ou deux temps faibles sans réelle conséquence.

Et après avoir su contenir les vélléités auvergnates, les hommes du Capitole s'ouvrirent définitvement le chemin de la capitale en inscrivant un deuxième essai en toute fin de match.

Evidemment, les absences auvergnates (Domingo, Rougerie...) ont pesé lourd, tout comme la blessure de Sione Lauaki, qui aura joué à peine cinq minutes en deuxième mi-temps. Mais on reste impressionné par la manière dont le pack Toulousain a dominé son adversaire, dans des proportions qu'on n'imaginait pas compte tenu de la qualité du huit clermontois. Malgré son expérience et sa "filouterie" de 9 aguerri, Morgan Parra n'a pas su prendre l'ascendant sur son jeune adversaire, Jean-Marc Doussain, loin de ne pas souffrir la comparaison.

Derrière, les attaques Toulousaines n'ont pas toujours été tranchantes, mais par deux fois les trois-quarts rouge-et-noir ont su trouver la faille. La première après une touche bien négociée et une percée de Yannick Jauzion (vous savez, l'ancien international apparemment plus au niveau...) relayée par Clément Poitrenaud et conclue par l'ailier au physique de pilier, Rupeni Caucaunibuca. Il y avait en-avant de passe entre Jauzion et Poitrenaud, mais l'action allait si vite qu'on comprend que la faute ait échappé à l'arbitre. Le deuxième essai est l'oeuvre solitaire de "Caucau", sur un ballon de récupération. Pas de contestation possible pour celui-ci, tout comme est incontestable le talent du Stade Toulousain pour remettre sur les rails de la réussite les cas les plus problématiques...

Ce Toulouse la sait voyager. Il a profité de trois semaines sans matchs pour accumuler de la fraîcheur sans perdre le rythme de la compétition. Même si Morgan Parra ne voulait pas le reconnaître, c'est sans doute cette fameuse "fraîcheur" qui a manqué aux Clermontois, celle qui vous fait conserver votre lucidité dans les moments clés, qui vous évite de faire le mauvais choix ou vous conduit à faire l'effort de protéger votre ballon.

Au-delà de la défaite, on peut s'interroger sur l'avenir de cette équipe. Elle semble en fin de cycle. Des joueurs importants vont partir (Mario Ledesma, Marius Joubert...) et il faudra reconstruire le groupe. Le volcan jaune-et-bleu, qui a fait jaillir le plus beau des feux l'an passé, s'est éteint hier soir.

Mais contrairement à ceux qui entourent la cité auvergnate, on ne doute pas qu'il nous réservera de belles éruptions dès la saison prochaine.