Cette affaire DSK est intéressante sous de nombreux angles. Notamment, au travers des déclarations de quelques personnalités, parfois des proches de l'accusé, atteint par les échos de cette affaire lointaine. Ils se disent scandalisés par le traitement médiatique, qui lui a été réservé. Ce sont parfois des voix qui comptent. Dans la sphère politico-médiatique, les réactions ont été nombreuses et parfois inattendues, à savoir souvent des marques d'indignation, voire des appels à la retenue adressés au président de la République même, de Robert Badinter à BHL, en passant par Jean-François Kahn ou Jean-Pierre Chevènement.
Cette affaire a fait réagir vivement. La mise en scène médiatique est particulièrement visée et critiquée. Notamment par Robert Badinter, qui évoque “une mise à mort médiatique“, ou encore Jack Lang parlant d'un “lynchage“, sans exclure selon lui, l'idée que la justice américaine “veuille se payer un Français“. Monsieur Lang a ajouté dans une interprétation maladroite à replacer dans son contexte, “qu'il n'y avait pas mort d'homme“… Le président d'honneur du MRC - Mouvement républicain et citoyen -, Jean-Pierre Chevènement déclare aussi n'exclure aucune hypothèse, dans l'affaire visant Dominique Strauss-Kahn, en soulignant que “c'est comme ça qu'a commencé l'affaire Dreyfus“. “Il faut défendre la présomption d'innoncence“, a-t-il déclaré. “Le système accusatoire américain (…), me parait quelque chose qu'il ne faut surtout pas transposer à la France, comme Nicolas Sarkozy, en avait manifesté l'intention quand il a proposé la suppression du juge d'instruction“, a ajouté le sénateur du Territoire-de-Belfort. L'ex-directeur de la rédaction de Marianne, Jean-François Kahn, a déclaré sinon sur France Culture : “Je suis certain, enfin pratiquement certain, qu'il n'y a pas eu une tentative violente de viol (…), je connais le personnage, je ne le pense pas.” Rajoutant que s'il y a une imprudence, on pourrait l'assimiler, à un “troussage de domestique“…
Outre ses interprétations parfois hasardeuses, voire pour le moins maladroites, il est vrai que la gauche française est émouvante dans cette affaire. Elle est prête à tout pour défendre l'un des siens. Même jusqu'à piétiner, tous les principes qu'elle défend la main sur le coeur. Imaginons un autre instant, un homme politique de droite ou voire Jean-Marie Le Pen, impliqué dans un scandale similaire. Ce qui pourrait être objet à de multiples et diverses interprétations. Mais heureusement, “DSK échappe à ses procès dans le procès“. Mais le positionnement de certains de ses défenseurs ne manque parfois pas de cachet, ni de piquant. Les déclarations de Jack Lang, qui s'est fait le chantre d'un féminisme militant ou de la dignité féminine, sont pour le moins étonnantes et malhabiles. Ou encore le grand juriste Robert Badinter, qui a pourtant longtemps vanté les mérites du système accusatoire américain, où l'avocat a autant de droit que le procureur et l'accusé a des droits imprescriptible, mais qui retrouve maintenant des vertus à la justice française, après en avoir longtemps dénigré les archaïsmes inégalitaires, hérités du code Napoléon.
Aux Etats-Unis, c'est le parquet qui instruit à charge et c'est la défense qui doit elle, assurer les recherches pour la décharge de l'accusé. Chez nous, c'est en principe un juge d'instruction, qui instruit à décharge. Cela dit, notre procédure est sans doute préférable, bien qu'imparfaite, car sans doute moins brutale. Les Américains mettent ainsi en oeuvre leur procédure habituelle judiciaire. Mais il est certain, que la présomption d'innoncence en France n'est pas un vain mot. Auquel vient s'ajouter la loi d'Elisabeth Guigou, votée en 2000. Même si l’application en est pafois discutable. Alain Carignon ou Loïk Le Floch-Prigent ont bien été offert en pâture aux journalistes, en leurs temps. A l'image de Michel Roussin, qui a été arrêté par les policiers à la sortie de son ministère. Mais Eric Woerth aura bénéficié de la présomption d'innoncence. Mais outre les dessous politiques dans le traitement de certaines affaires, qui remettent cependant en cause, l'indépendance de la justice républicaine, il est vrai sinon, que l'on peut ressentir une légitime compassion pour un destin brisé, son entourage, sa famille, ses proches. Notre narcissisme hexagonal peut aussi en ressortir chatouillé.
Mais certains avocats et défenseurs de principe de DSK, desservent plus la cause qu'ils prétendent servir, par une certaine frangibilité, “démontrant surtout, un réflexe de caste arrogante“, dixit Eric Zemmour. La même erreur a été commise, dans d'autres affaires de moeurs, comme avec Frédéric Mitterrand ou avec le réalisateur international, Roman Polanski. Ce sont d'ailleurs les mêmes, le plus souvent. Mais ils ne lui rendent guère service, dans cette affaire.
J. D.