Les fées
Il était une fois
Une veuve qui avait deux filles.
L’aînée Odile
Etait méchante parfois.
La cadette Annette
Etait douce, jolie, honnête.
La mère préférait Odile
Et n’aimait pas son autre fille
Qui devait déjeuner
Seule dans un sombre cabinet,
Qui devait sans cesse travailler.
En particulier,
Elle était forcée
D’aller puiser
Très loin de l’eau
Et la rapporter dans un pot
Bien lourd
Trois fois par jour.
Une fois, à la fontaine,
Une vieille femme, à grand peine,
S’approcha et lui demanda
-« Donnez-moi à boire. »
-« Oui, da. »
Dit Annette, bonne poire.
Elle a rincé son cruchon en fer,
L’a rempli et lui a offert.
La vielle femme lui dit :
«Vous avez l’air si douce, si dégourdie
Que je vais vous faire un don magique.
(En fait,
Cette vieille femme était une fée,
Déguisée de façon atypique.)
Si vous restez une jeune fille
Honnête et gentille
A chaque parole que vous allez dire
Dorénavant vont sortir
De votre bouche des fleurs soyeuses
Et des pierres précieuses.
Dès qu’Annette rentra,
Sa mère la gronda :
-« Tu arrives bien tardivement ! »
-« Je vous demande pardon, maman. »
En répondant ainsi,
Il sortit
De ses lèvres jolies
Perles et diamants polis.
« Mais qu’est-ce que c’est ?
Dit la mère décontenancée :
Sortent de ta mâchoire
Diamants et perles noires,
Ma fille. »
C’était la première
Fois que sa mère
L’appelait « ma fille ».
Annette raconta naïvement
Ce qui s’était passé
Tout en jetant diamants,
Roses et pensées.
-« Odile !
Voyez, ma chère fille,
Ce que crache votre sœur
Quand elle me parle à contrecœur.
Allez donc à la fontaine !
Cette vieille femme incertaine
Vous demandera à boire
De l’eau. Vous lui en donnerez plein. »
-« J’aimerai bien voir
Ça, tiens ! »
-« Allez-y immédiatement ! »
Odile y alla en grondant.
Arrivée à la fontaine, elle aperçut
Une dame superbement vêtue.
C’était la fée habillée en princesse
Afin de tester l’indélicatesse
D’Odile.
La brutale fille
Lui dit : « Suis-je ici venue
Pour faire boire une inconnue ?
Servez-vous toute seule, vous en êtes capable !»
-« Hé bien, puisque vous êtes si peu serviable,
Chaque fois que vous parlerez,
Vous cracherez
Des crapauds et des serpents…! »
Odile rentra et tout en frappant
A la porte, elle cracha des vipères.
-«O ciel ! s’écria la mère,
Que vois-je là.
Ta sœur est la cause de cela.
Elle va me le payer, c’te cadette! »
Elle voulut lui taper sur les doigts.
Mais Annette
S’était déjà sauvée dans les bois.
Le fils du roi y chassait. Il la croisa
Et la questionna :
-« Que faites-vous-là ? »
-«C’est ma mère, hélas
Qui m’a renvoyé du logis. »
Le fils du roi qui la vit
Crachoter cinq ou six
Diamants, lui demanda
-« D’où provient tout cela ? »
Alors, elle lui raconta les faits.
Lui, la mena dans son palais
….Et l’épousa.
La mère, elle, expulsa
Odile qui erra longtemps
Mais à aucun moment
Personne ne voulut l’accueillir.
Elle dut passer toute sa vie à fuir.
FIN, édulcorée.