Par frottement de corps à corps en lendemain de brosse.
Il n'avaient jamais voulu d'elle. Si tant que quand elle est née, son père s'est tout de suite poussé. Il s'est occupé à courir les casinos, à se ruiner, se refaire, se ruiner à nouveau, se refaire un peu. Déménager pour fuir les créanciers était un sport plus facile à pratiquer seul. Une femme, bah! il en aurait des milliers de passage ici et là. Un gosse? Pas question! c'est emmerdant et ça fatigue.
Bye girls!
Cette femme fantôme avait misé toute ses énergies de mauvaise mère à créer une indépendance chez sa fille. Une autonomie qu'elle lui disait. Elle la repoussait constamment en disant "Débrouille-toi tu es assez grande" Elle la fuyait physiquement avant de s'enfermer dans sa chambre où elle travaillait à faire des lignes érotiques en journée.
Pour s'en rapprocher, la petite avait pris l'habitude de se coller le dos à la porte et d'écouter ses ralements au téléphone.
Cette enfance de carences affective avait un effet pernicieux sur la petite. Elle réclamait constamment de l'attention à l'école. Une attention qui lui avait manqué cruellement à la maison. Rien de trop déplacé, juste un surplus d'attention réclamée auprès de ses pairs, des ses profs, de ses chums. En même temps, elle savait se faire discrète. Elle savait trop bien qu'elle était de trop dans la vie de sa mère, pouvait-elle être acceptée ailleurs?
Dès l'adolescence, elle ne rentrait plus à la maison. Sa mère, qui n'avait que 19 ans de plus qu'elle, ne rentrait pas non plus. Leurs routes ne se croisaient plus. Et pourtant leur destin ne seraient pas si étrangers l'un face à l'autre.
Maman trouverait un riche amant. La petite aurait ses 17 ans et commencerait à travailler. Tout irait pour le mieux. Elle était belle. Tout arrive aux filles belles. Le temps que ça durerait ce serait bon.
La jeune fille avait découvert les caresses sexuelles vers les 12 ans. Puis les contacts avec des garçons vers les 14. Avec une fille à 15 ans. Pour les yeux d'un garçon. À 17, elle en faisait un métier pour ramasser des sous. Pour prouver à toutes les filles jalouses du passé qu'elle pouvait être quelqu'un de riche. Qu'elle pouvait incarner le contraire de l'ennui. Son rythme de vie allait éclabousser cette enfance passive et longue. Ce terne passé serait vite oublié.
Pour ses 20 ans, elle avait enfin son 15 minutes de gloire à la télé.
Sans visage mais elle existait.
Un peu.
Et toute à moi en même temps.
Partout et nulle part à la fois"
Je suis Dieu.
Inexistante tel un trou.
Un trou de mémoire pour des parents.
Un trou de passoire pour des clients.
Le temps que ça durerait, ça serait bon.