Nous assistons actuellement, à la suite de l’affaire DSK, à la mise au pilori d’un certain nombre de personnalités qui se sont permis d’utiliser des expressions jugées indignes au regard de critères qui deviennent de véritables contraintes pour la liberté d’expression. En effet, Robert Badinter, Bernard Henry Lévy, Jack Lang, Jean-François Kahn viennent d’en payer le prix pour s’être indignés de la mise à mort médiatique de DSK. Même Mladic, le boucher serbe, n'a pas eu droit à un tel traitement. « Il n’y a pas mort d’homme » et « le troussage de domestique » ont soulevé l’ire des bien-pensants à penchant féministe. Dès lors que la victime est une femme, il devient interdit de s’interroger sur le sort réservé au présumé innocent qui est devenu immédiatement un présumé coupable. Jack Lang ne voulait qu’exprimer son indignation devant le traitement médiatique de DSK, indiquant qu’un tel sort ne pouvait, à la rigueur, se justifier que pour un meurtrier. Quant à Jean-François Kahn dont on ne peut effacer d’un trait de plume tous ses combats pour les femmes, même ses excuses n’ont pas suffi à calmer les fureurs, poussant ce brillant talent journalistique à abandonner son métier. « Indignez-vous » a dit quelqu’un. Il est des indignations trop rapides qui deviennent des facilités. Peut-être que réfléchir avant de condamner est devenu, pour certain, un exercice trop difficile ! Le « politiquement correct » devient un étouffoir de l’expression, au même titre que le principe de précaution est un étouffoir de l’initiative. Bientôt, non seulement nous ne ferons plus rien, mais nous le ferons en silence … Nous n’aurons plus le choix qu’entre le silence de plomb ou la langue de plomb !