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Conférence de rédaction houleuse suite à l'appel à l'unité de la gauche pour 2012. Le téléphone n'arrête pas de sonner pour savoir comment nous allons nous situer. Ce matin, le bouquet, la rédaction qui débraye pour improviser une AG avec pour objectif de fixer une ligne. La rédaction s'avère profondément divisée avec d'un côté une minorité favorable à un approfondissement de la discussion en vue d'élaborer un véritable consensus et de l'autre des petits groupes qui souhaitent que des moyens et une stratégie efficace soient mis en oeuvre dans une perspective véritablement démocratique. Sur ce, le patron s'empare d'un mégaphone avec pour conséquence trois membres du personnel en invalidité : un avec fracture de la corticale de l'oreille interne, une de nos secrétaires a subi une lésion du nerf facial et le vigile aurait une bulle d'air dans la cochlée. La discussion a continué dans les couloirs de l'hôpital, chacun se parlant par signes des mains, expressions du visage et vagues murmures mais INTERDICTION DE CRIER.
En ce qui me concerne (je ne suis que le grouillot), je suis allé cherché les photos qu'on m'a demandé de déposer sur le site. Nous avons ici une stagiaire au service politique qui m'a dit textuellement : "C'est avec les masses que nous devons être !" Au moment où sur sa bouche se formait le mot "masses", elle pointait son index vers mon estomac. Je sais qu'elle m'aime bien. Je peux donc me considérer légitimement comme une masse populaire. Elle m'a quand même éclairé, je le sais parce qu'elle a varié la gestuelle et pointé son index vers son crâne ce que j'ai traduit immédiatement par "réfléchis, pauvre idiot !" Je me suis souvenu des couloirs de l'hôpital où les collègues sont restés en observation et du coup, je crois bien qu'elle voulait me dire "toi aussi, tu as les esgourdes complètement défoncées !"
Elle a un pris un crayon et m'a noté l'adresse d'un site que je devais aller voir : Des pas perdus et surtout regarder le commentaire d'un certain JR. Elle me l'a même recopié :
"Mélenchon a toujours été clair : il se desistera au second tour pour le candidat de gauche arrivé en tête, si ce n'est pas lui. Si c'est le cas, résumons : il appellera à voter pour le candidat dont il aura combattu le programme pendant toute la campagne, stigmatisant (souvent à raison), sa dérive social-libérale.
C'est précisément parce qu'il ne faut pas que le PS, qui se conçoit encore comme hégémonique, impose à la gauche son programme comme vous dites, qu'il faut entamer une négociation politique unitaire dès aujourd'hui.
Si cette négociation unitaire n'a pas lieu, le programme appliqué en fin de compte par le candidat de gauche (s'il arrive au 2nd tour malgré la dispersion des voix), sera celui de son parti, c'est à dire celui que vous stigmatisez dans ce billet. C'est à ce travail unitaire que devraient se consacrer les militants des partis de gauche, amigo, pas à se battre en eux.
Je veux faire barrage à la droite et à l'extrême droite.Je ne veux pas voter utile.Je veux voter unitaire."
A la fin, elle a posé le crayon, elle a tapoté ses genoux de ses deux mains, l'air de dire, je peux pas faire mieux.
PS : J'ai mis les photos qu'on m'a demandé. Je trouve que ça dit bien tout ça quoi, le barrage, le plongeon. Le titre est de moi, j'ai rajouté l'idée du crayon au dernier moment parce que je trouvais que les photos, elle n'évoquaient pas très bien cette idée du crayon. Et puis la date, ce 2012, on aime tous Kubrick, hein ! Pas vous ?