genre: anticipation, science fiction
Année: 1963
durée: 30 minutes
l'histoire: Envoyé dans le passé, un homme doit permettre l'ouverture d'un corridor temporel. Cet homme est choisi pour ses facultés de mémorisation. Il a en effet été marqué dans son enfance par une image indélébile.
la critique d'Alice In Oliver:
Voilà un court-métrage qui peut se targuer d'appartenir aux classiques de l'anticipation et de la science fiction, et plus largement aux films cultes du septième art. J'ai nommé La Jetée, réalisée par Chris Marker en 1962.
Bien des années plus tard, précisément en 1996, Terry Gilliam, influencé par le chef d'oeuvre de Chris Marker, signera un remake, L'Armée des 12 Singes.
Mais La Jetée n'a pas seulement inspiré le remake de Terry Gilliam. En effet, le film de Chris Marker marquera toute une génération de cinéastes, notamment Alex Proyas avec Dark City, pour ne citer que cet exemple.
Le scénario est certes complexe mais pas incompréhensible non plus. La Jetée est un court-métrage en noir et blanc, présentant toute une série de photos commentées par une voix-off.
A partir de ce concept froid et austère, Chris Marker nous décrit un monde apocalytpique et une capitale (la ville de Paris) en proie au chaos, suite à la Troisième Guerre Mondiale.
Le film nous présente l'histoire d'un homme (dont on ne connaît pas l'identité) envoyé dans le passé pour ses facultés de mémorisation, ses rêves étant intimement liés à un souvenir de l'enfance qu'il ne peut expliquer: l'image d'une belle jeune femme.
A partir de ces différents éléments, Chris Marker élabore plusieurs thématiques passionnantes: la fragilité de la mémoire, l'influence de l'image sur les souvenirs personnels et collectifs, le complexe de Cassandre, les paradoxes temporels, le destin d'une humanité condamnée à sa propre perte, la science de demain, les apprentis-sorciers...
Tous ces thèmes se retrouvent juxtaposés dans un monde post-apocalyptique et de guerre nucléaire. Inutile de le préciser: La Jetée est un film profondément noir et pessimiste. Il règne dans ce film une grande mélancolie, symbolisée ici par la quête d'un héros condamné à rechercher la vérité.
Cet aspect mélancolique est renforcé par des images fixes, froides et une bande son tétanisante. Finalement, La Jetée est un film à la recherche de ses propres fantômes, le film posant la question de l'espace et du temps, deux notions intimement liées, et qui ne cesseront d'interroger la mémoire défaillante d'un héros à la recherche de son identité.
Certes, présentée comme cela, La Jetée peut paraître terriblement austère. Mais La Jetée, c'est aussi une histoire d'amour impossible entre deux personnes qui ne pourront jamais se retrouver, la faute aux grands sorciers de notre temps et à des enjeux plus complexes.
Nul doute que ce film mériterait une analyse plus profonde. En l'état, La Jetée reste un film indispensable et un bijou du septième art.
Note: 20/20