J'aime le fromage, et j'ai même toujours aimé cela. Je peux faire un repas uniquement composé de fromage et mes goûts en la matière sont très hétéroclites. Tous les types de lait me conviennent, vache, brebis, chèvre, le lait crû ne m'effraie pas, bien au contraire et par dessus tout, je raffole des fromages odorants. Afin de préserver mon mariage et des relations harmonieuses avec ma progéniture, j'ai investi par ailleurs dans une cloche à fromage pour réfrigérateur qui empêche la diffusion de leur délicat fumet (j'ai un faible très prononcé pour le munster par exemple). Il est donc fréquent que nos amis nous ramènent à titre d'expérience gustative différents échantillons des contrées qu'ils visitent. Une de mes soeurs, gravement hispanisante, me fournit régulièrement en queso manchego. Il est même un souvenir mémorable d'expérimentation hasardeuse. Un couple de nos amis fit son voyage de noces en Sardaigne. Et fort gentiment, parce que j'espère pour eux que penser à moi n'était pas leur plus grand soin, ils me ramenèrent du casu marzu, fromage sarde s'il en est. La texture en est très originale, assez molle, je m'en étonnai, étant familière du pecorino sardo à la pâte semi cuite. "C'est que, vois-tu, son mode de préparation intègre une phase qui par une fermentation plus qu'avancée, lui permet d'atteindre cette consistance." me dirent-ils mystérieusement. "Quand tu le mangeras, crurent-ils bon d'ajouter, mets des lunettes." Ma curiosité était grandement piquée. Je ne saisissais pas la nécessité de l'accessoire, un pince-nez ou une fourchette, j'aurais compris, mais je m'exécutai. Bien m'en avait pris ! La fermentation dudit fromage est assurée par des asticots, et il faut croire que l'asticot sarde possède une forme plus qu'olympique, puisqu'il peut sauter jusqu'à 15 cm de distance, attentat fromager garanti. Ce qui ne serait pas grave s'il était de taille raisonnable, mais le bestiau ne fait pas loin d'un centimètre. Comme j'ai pour règle de n'ingérer que des aliments qui ont cessé de se mouvoir par leurs propres moyens, je laissai là le fromage et revint à des aliments moins habités, comme le comté, et même des cannelés au comté parce qu'une fois cuits, ils ne s'enfuient plus tout seuls. pour 10 cannelés moyens au comté et 15 petits :
50 g de comté coupé en petits dés
50 ml de lait
50 g de beurre
2 oeufs
50 g de vergeoise
150 g de farine
sel
10 g de beurre pour beurrer les moules
La veille :Faire chauffer 400 ml de lait avec le beurre.Mélanger 100 ml de lait avec les 2 oeufs, puis verser dans le lait chaud. Fouetter énergiquement.Ajouter la vergeoise, la farine et le sel. Bien mélanger.Laisser pauser 24 heures.Faire chauffer le four thermostat 210°C.Beurrer les moules à cannelés avec les 10 g. Répartir les dés de comtés dans les moules.Verser la pâte dans les moules jusqu'aux 2/3.Cuire 10 min. à 210°C puis baisser la température à 180°C et laisser cuire encore 35 min.Démouler chauds.