J'ai besoin d'une lanterne et d'un code d'éthique pour me comporter civilement dans la blogosphère, et sur le web en général (j'ai récemment joint l'intriguante communauté de Facebook). À table hier au lunch, à job, la discussion est lancée - on fait souvent des working lunchs : au lieu de prendre ce moment pour soi et faire le vide mentalement, on s'oblige à continuer à travailler ou à réfléchir collectivement : c'est du pareil au même, la journée continue (j'ai deux "deux points" dans ma phrase, j'ai pas dû apprendre ma grammaire comme il faut). La discussion concerne le fait qu'une personne a publié sur son blogue la recette et la photo d'une dame qui donne des cours de cuisine. La prof de cuisine est fâchée car elle ne connaît pas la blogueuse et ne l'a pas autorisée à diffuser ce contenu sur le web. Concernant la recette, la réponse est vite trouvée : la même recette fait partie du domaine public puisqu'elle est déjà publiée sur un autre site web avec permission. À partir du moment où tu l'autorises, je crois que tu ne peux techniquement pas en limiter la diffusion (je me trompe, peut-être).
Quant à la photo, c'est difficile à trancher. Parcourant le Code Civil, la Charte des droits et libertés de la personne et quelques articles sur le droit à l'expression, en consultant un ami juriste, il me semble clair que l'on ne puisse publier - ni même capter - l'image d'une personne sans son consentement express, ceci contrevenant à la protection de sa vie privée. Ca, c'est noir sur blanc sur le papier (by the book, on dit en anglais). À moins d'être journaliste et là, le droit à l'information du public prévaut de temps à autre sur le droit à la vie privée. Si, à plus forte raison, le sujet de l'image est une personnalité publique, celle-ci a en quelque sorte renoncé à une partie de sa vie privée et a des attentes moins élevée que le citoyen ordinaire quant à la non-diffusion de son image. Se rajoute à ces critères celui de la faute. Est-ce que la photo ainsi diffusée à l'insu du sujet cause préjudice à ce dernier?
Tout cela étant pondéré, je dirais que notre prof de cuisine n'a pas de cause pour poursuivre la blogueuse; elle peut légitimement lui demander de retirer sa photo du blogue. La photo est neutre et a été prise dans un lieu public où la prof donnait une prestation publique. En fait, la dame devrait être honorée qu'une inconnue lui fasse bonne publicité sur son blogue personnel d'amoureuse de bouffe, tout en lui attribuant en règle tous les crédits de sa recette, et en partageant ces informations avec sa communauté d'intérêt. Quoi de plus noble!
Blogosphère : quelle est la règle? Je crois que le bons sens persiste en ce monde comme en celui-ci, mais je ne sais plus trop : les nouveaux moyens d'expression me transportent dans un environnement ouvert, libre, et qui m'appert un peu différent de celui de tous les jours où je sors dehors et me trouve parmi mes compères avec qui j'ai appris à coexister grâce à des règles de civisme bien établies. Zoreilles me faisait un commentaire sur un billet que j'écrivais à mes débuts en ce monde, concernant le fait de protéger l'identité des individus, autant dans les textes que dans les photographies, ce qui semblait limiter occasionnellement la diffusion de certaines photos qu'elle aurait bien aimer publier. Qu'en est-il si je diffuse à leur insu, la photo de mon chum, des membres de ma famille ou celle de mes amis, sur mon blogue ou même sur Facebook? Si je vois les Beatles dans la rue lors d'un voyage à Londres et que, tout en criant "chéri, c'est les Beatles", je fais un snapshot que je m'empresse de publier sur mon album de voyage virtuel, suis-je en défaut? Si oui, does anyone care - et je crois que c'est plutôt cela ma question.
On s'entend que l'on détient maintenant des armes de diffusion massive et que la bonne foi des citoyens ne suffit pas pour assurer une certaine retenue. Mais doit-on se retenir ou est-ce que le droit à l'expression - avec moins de contraintes - vient de pair avec l'Internet? Help me understand - non que je craigne des poursuites, mais des fois, j'oublie que tout le monde n'est pas comme moi : je m'en fous de savoir où, comment et combien de fois je suis, car je ne m'inquiète pas de savoir qui je suis.