Mes précédents posts racontant mes déboirs ACR4 d'avril 2011 :
Il est passé par ici, il repassera par là...
L'homme qui tire plus vite que son ombre
Pas de cancer dans mon sein : 5 ans de survie
Et c'est reparti pour un tour...
Ce matin, j'ai réussi à obtenir ma gynécologue eu téléphone malgré le barrage des secrétaires. J'ai bien senti qu'elle aurait opté pour une autre tactique : "attendre et observer" mais elle a dû se rallier à mon oncologue devant ses arguments convaincants, prêchant le principe de précaution.
En effet, l'hyperplasie mammaire ATYPIQUE est une sorte de pré-cancer mais ce n'est pas un cancer. Tout cancer du sein est passé par cette étape avant de devenir un cancer in-situ puis éventuellement un cancer invasif. Le contraire est faux, une hyperplasie mammaire atypique peut rester ainsi sans jamais évoluer.
Il se trouve que mon dossier médical est conséquent, que je reviens de loin et que cette zone atypique se trouve sur la cicatrice de mon sein malmené, justement là où se trouvait le vilain cancer qui a bien failli avoir ma peau.
J'ai beaucoup plus de risques que n'importe qui que ça évolue en cancer.
Deux approches peuvent être envisagées. Ce qui est bien c'est que ma gynéco et mon oncologue ont des avis divergents et qu'il a fallu qu'elles se convainquent mutuellement pour se ranger à la plus sage décision.
On pouvait soit attendre, espérer que ça resterait en l'état des années, me laisser tranquille mais prendre le risque que ça évolue en cancer et ne réagir qu'à ce moment-là. C'est une vision que je qualifierais d'optimiste. Si jamais le cancer repointait son nez, non seulement j'aurais eu droit à une intervention chirurgicale mais aussi à des chimios lourdes.
Autre approche plus réaliste mais plus pessimiste. On pense que la probabilité que ces cellules n'en restent pas là est trop importante pour attendre et leur permettre ainsi d'évoluer. On agit tout de suite sans perdre de temps. On enlève toute la zone suspecte et par conséquence toute possible évolution vers un cancer. J'échappe ainsi aux chimios lourdes, au cancer et je ne subis qu'une opération.
Je partage l'avis de mon oncologue. Elle a pris le temps d'en discuter avec moi hier soir, de m'énoncer ses arguments, de bien insister sur le fait qu'il n'y avait pas de cancer mais que dans mon cas, elle estimait qu'on ne pouvait pas prendre de risques. Je sais qu'elle agit pour me sauver, pour me permettre de vivre plus longtemps en rémission. Je sais aussi que je tiens bien trop à la vie pour laisser la moindre chance au cancer de revenir prendre plus de place.
Je préfère éradiquer toute cellule pouvant devenir cancéreuse et ne pas attendre de connaître sa destinée, cancer ou pas. L'enjeu est bien trop important.
Je sais que devant ces décisions qui peuvent être lourdes de conséquences, ma gynécologue n'a pu que se rallier à l'avis de mon oncologue et accepter de m'enlever cette hyperplasie mammaire atypique.
Elle ne va pas se contenter d'enlever le 1mm mais toute la cicatrice de mon ancienne tumorectomie. Celle que j'ai tenté de combler pour lui redonner une forme plus normale par deux lipomodelages, l'an dernier. La cicatrice suit le périmètre du sein, elle est sous le galbe et remonte jusqu'à hauteur de l'aine, elle couvre un quart de la circonférence de mon sein. Elle est assez longue, bien 7cm. Elle va prélever sur 5mm de profondeur et me refaire une nouvelle cicatrice. Autrement dit un beau massacre esthétique.
Elle m'a laissé le choix entre anesthésie locale ou générale. Je veux une générale. Je ne pourrais pas supporter psychologiquement d'être consciente pendant l'opération. J'ai eu trop d'interventions, prélèvements. Je ne peux plus, mon seuil de tolérance a été atteint.
Elle m'a aussi laissé le choix entre rester deux nuits ou seulement une journée en ambulatoire, arrivée le matin, sortie le soir. Elle ne peut pas me proposer une nuit uniquement, ça revient plus cher que deux nuits. J'ai opté pour une seule journée. La conséquence est que je n'aurais pas droit à une aide de ma mutuelle pendant une semaine puisqu'elle exige 24H d'hospitalisation minimum alors que ça lui coûterait plus cher si je restais 24H étant donné qu'il s'agit d'un hôpital privé avec des dépassements d'honoraires conséquents.
Elle m'a d'abord proposé le jeudi 9 juin, dans deux semaines mais j'ai déjà ma perfusion d'herceptine ce jour-là. C'est donc le jeudi d'après, le 16 juin qui a été retenu, dans trois semaines jour pour jour. Je rentrerai à 7H, je sortirai vers 16-17H. Elle pense me faire un arrêt jusqu'au mardi suivant. Je vais lui demander d'aller jusqu'au vendredi. Je sais que je mets plus de temps à récupérer d'une anesthésie. Mon corps accumule et à force mes ressources s'usent.
J'ai prévenu mes proches. Ma mère m'a aussitôt offert son assistance, mes amies également. J'ai vraiment apprécié. Je n'en ai pas encore parlé à mes filles. J'espère tant ne pas les angoisser encore une fois. Elles sont super bien en ce moment, l'aînée enchaîne des résultats scolaires brillants. Elle a réussi à se refaire plein d'amis. Elle fait plein d'effort pour que ça se passe pour le mieux chez nous. Je redoute que ça les affecte, qu'elles se fassent du soucis, que ça ranime sa peur de me perdre.
Je dois dire que je ne nage pas dans l'euphorie. Ma digestion se fait difficilement. J'en ai tellement assez de ces sources inattendues de stress, j'en ai tellement assez de voir démolir en permanence mes tentatives pour vivre normalement.
Mon sein va à nouveau ressembler à rien. Tous mes efforts ne sont pas non plus réduits à néant, le volume homogène restera.
J'espère que ça n'aura pas de conséquence sur la circulation de la lymphe mais j'en doute. Je sens que je vais en plus me retrouver avec une série de draynage chez la kiné.
Effectivement, on n'en sort jamais, c'est vraiment un hôte qui adore qu'on se rappelle de lui.
J'ai au moins l'immense chance d'être vraiment bien entourée par des médecins très compétents. Ils ont réussi à déceler 1mm d'hyperplasie mammaire atypique et ont aussitôt réagi en pensant avant tout à me sauver et à ne pas perdre de temps. J'ai parfaitement conscience de cette chance, de leur professionnalisme et de leur compétence. Après tout, je n'ai pas de cancer, seulement une saleté qu'on va massacrer avant même qu'elle ait eu le temps de dire ouf.