Il y a encore quelques mois, Fabrice* était amateur de pornographie. Cet Ivoirien de trente ans assure qu’il n’a jamais été « accro », mais admet qu’avant de trouver l’équilibre dans la religion, il était adepte de ce genre de films. Timide, il avait en effet « peur d’approcher les filles ». Alors, à la nuit tombée, il ressentait parfois le besoin de tromper ses frustrations. Direction la maison d’un ami pour regarder un film X…
Les « pornos » sont importés sur le continent depuis l’Occident et, de plus en plus, sont tournés avec et par des Africains – qui à l’occasion pimentent la touche locale. Des danses traditionnelles, telles le mapouka ivoirien, sont ainsi revisitées. « Sur fond de musique africaine, ces danses s’achèvent par des relations sexuelles reprenant le schéma classique des films européens », précise la Camerounaise Amely-James Koh Bela, présidente de Mayina, une association française combattant l’exploitation sexuelle.
Films X à la télé en RDC
D’où qu’elles viennent, les productions s’affichent dans des vidéos-clubs d’Abidjan, Douala, Lagos, Johannesburg ou Kinshasa. Des vendeurs ambulants cèdent en outre des CD ou DVD piratés pour 500 à 6 500 FCFA (entre 80 centimes et 10 euros). Une activité plus ou moins discrète… Est-ce à dire que la pornographie commence à entrer dans les mœurs ? Officiellement, non : malgré l’intérêt des consommateurs, elle reste illégale dans de nombreux pays et n’a pas bonne presse.
« En RDC, il y a quelques années, avec la libéralisation de l’espace démocratique et médiatique, des chaînes de télévision privées avaient essayé de diffuser des films, se souvient par exemple le sociologue congolais Jean Liyongo Empengele. Cela a été interdit par les autorités sous pression de la population, offusquée par ‘l’atteinte aux mœurs‘. »
Les détracteurs craignent une dépravation sociale, arguant que des agressions ont impliqué des hommes surexcités. Pas impossible, selon Fabrice. « De mon expérience, la pornographie a beaucoup d’aspects négatifs, renchérit-il d’une traite. Tu es là, tu dors, et les images des acteurs viennent, et reviennent… Et ça te frustre parce que tu ne peux rien faire ! Ça peut aussi provoquer une dépendance. »
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