J'aimerais avant tout mettre au clair que je considère mon chat comme un ami, même s'il n'est pas un hominidé et qu'il soit plutôt poilu. Affaire classée.
Il y a classement dans l'amitié. Il y a dans ma vie :
- mon chum (une autre classe à part)
- ma meilleure amie
- mes meilleurs amis
- nos amis habituels
- mes nouveaux amis
- les amis de mes amis
- mes amis annuels
- mes amis occasionnels
- mes anciens chums
- les blondes de mes anciens chums
- mes connaissances
- les amis de mon chum
- les amis de la job
- mes relations professionnelles
- les amis de la famille
- les membres de la famille qui sont aussi des amis
- mes amis de Facebook
- mes amis de plume, de blogs,...
Mais qu'est-ce qui définit donc ce lien si précieux qu'est l'amitié - la définition du Larousse est peu éloquente à mon goût. À partir de quel moment devient-on des amis? Il y a certainement des critères liants : la sincérité, l'authenticité, la fréquence, la longévité, l'intensité, la nature des expériences partagées, le respect, la difficulté, l'effort requis, etc.
Je vois ma meilleure amie une ou 2 fois par année; je me passe très bien d'elle jusqu'à ce que se représente sa fête ou la mienne. On se téléphone aussi rarement que l'on se voit, je ne l'appelle pas lorsque je change de maison, de quartier ou de job. Je crois par contre que je l'appellerais si j'étais en peine d'amour. Quand on se voit ou que l'on se parle, on rattrape le temps perdu mais sans s'en vouloir de l'avoir passé chacune de son côté. On n'a pas besoin d'être polie l'une envers l'autre quoi que l'on fasse attention (maturité oblige). On respecte nos opinions, on abonde en ce sens, mais on discute fermement et sans tabous. Elle est ma meilleure amie parmi d'autres simplement parce que ça en prend une, et que c'est la personne qui est dans ma vie depuis le plus longtemps et avec qui j'ai partagé des moments privilégiés : nous avons été colocs dans notre premier appart en ville, nous avons partagé des repas, des nuits blanches et des chicanes, nous parlions de nos premiers amours de grandes filles, nous sommes devenues mamans la même année, elle a assisté à mon premier accouchement (ô merci brave demoiselle!), elle m'a hébergée et on s'est remises à sortir dans les bars quand je me suis séparée, elle n'a jamais déménagé dans un autre pays, j'ai travaillé pour son papa et côtoyé son cercle d'amis - ce qui a probablement contribué au fait que nous soyons encore en contact, et ainsi de suite... Bien sûr, je pourrai tout le temps compter sur elle, et vice versa, sans condition. Elle m'a offert un jour un livre de photographies, intitulé "Vive l'amitié" du collectif M.I.L.K.; toutes les photos y montrent des gens qui rient ou sourient, partagent ensemble des moments de plaisir. Dans la vraie vie, c'est aussi avec nos amis que l'on partage les moments de peine.
Bon : ma meilleure amie n'a pas besoin du qualificatif de "meilleure" amie, je suis sure qu'elle ne connaît même pas son statut spécial et que ça ne change rien dans sa vie ni dans la mienne.
Les autres, à c't' heure, qui sont-ils?
- il y a les amis d'enfance : j'ai vécu dans un autre pays jusqu'à l'âge de 14 ans; il y avait alors dans ma vie :
- les amis de la petite école : je n'ai aucun souvenir des mes amis d'école jusqu'à environ l'âge de 10 ans, je n'ai que de vagues souvenirs que les enfants étaient en général méchants;
- les amis de la famille : mes parents étant adultes avaient leur cercle d'amis; leurs enfants sont automatiquement devenus nos amis et certainement les gens que l'on voyait le plus souvent; je vois encore beaucoup d'entre eux 1 fois par année;
- les amis de la jeune adolescence : à 10 ou 11 ans, nous étions les personnages de Grease. J'étais ou voulais être Sandy (il y avait certes de la concurrence dans la classe) et bien sûr, Daniel était Dany (c'était vraiment mon amoureux dans la vraie vie). Il y avait aussi les classes neige et comme nous devions partager une chambre de 4 pendant une semaine, tu comprends que les amitiés se sont manifestées clairement à l'occasion du choix des roommates : elle, elle, elle, pis pas elle;
- le secondaire : mes parents ont décidé de m'envoyer au privé à ma 1ère année du secondaire; j'ai rompu avec tristesse les liens avec mes amis qui allaient au lycée public. J'y ai rencontré d'autres amies - le statut social ne faisait aucune différence quant à la possibilité de se fréquenter. Je suis retournée à l'école publique dès la 2e secondaire et j'ai retrouvé mes anciennes amies; nos liens s'intensifiaient avec le vent de liberté qui soufflait sur notre adolescence. On se parlait des vraies affaires : sortir, les mecs, les boums, etc.
- le Canada : j'ai quitté mes amies pour aller vivre à Montréal, Québec, Canada, Amérique. Arrivée au pays, j'avais l'avantage de parler français mais ce n'était pas exactement la même langue. J'ai retrouvé les amis de la famille qui avaient adopté le Québec avant nous; ils m'ont appris le québécois;
- je suis rentrée à la polyvalente et me suis fait quelques amis. Je faisais toujours l'apprentissage du patois et du joual - que je maîtrise à ce jour avec grand succès, je m'en confesse. Au bout des 3 ans que j'y ai passé, j'ai développé une solide base d'amis, celle qui inclut aujourd'hui ma meilleure amie, mon premier chum que je vois encore, et 5 ou 6 bons amis, en plus de tous les amis de mes amis ainsi que ceux que j'ai revus aux retrouvailles du 20e du secondaire; je les connaîtrai toujours et les replacerais sans hésitation si je les croisais par hasard dans la rue : à cet âge, notre mémoire est formée et les moments vécus sont indélébiles;
- après, ça a été plus vite. J'ai rencontré et formé des amitiés avec encore plus de monde pendant ma vie adulte; connu plein de monde dans les bars (dont 2 de mes chums - des vrais, pas des relations de courte durée); j'ai vécu avec une horde de 5 ou 6 meilleurs amis que je voyais régulièrement pendant 2 ans et avec qui je célébrais Noël, le Nouvel An, le canot camping, le massage, les partys, les fondues chinoises, ainsi soit-il.
J'écris sur l'amitié, car en cette année qui souligne le 40e de plusieurs dans mon entourage, j'ai témoigné de nombreux hommages éloquents à l'amitié. Ma blonde chum a notamment consacré plusieurs heures et sacrifié des nuits d'amour, à confectionner un montage photos pour ma fête, à faire un vidéo pour la fête de l'autre et a déclaré que malgré le temps qui passe et nos chemins divergents, on ne devrait jamais cesser de se voir, de rester des amis. Je crois qu'on ne cesse pas de rester des amis dès lors qu'on le devient; l'amitié ne se défait pas. Seule la grande trahison peut la rompre (ça arrive).
La force de l'amitié : j'ai retracé sur Facebook une de mes amies d'adolescence européenne. Je ne l'avais connue qu'une seule année, celle de mes 13 ans, juste avant que je parte pour le Canada. Nous étions alors de vraies amies malgré la nouveauté de notre connaissance (le critère liant s'avérait dans ce cas l'intensité), on s'est écrit pendant plusieurs années après mon exil en Amérique; elle est venue me voir à Montréal mais nos vies avaient changé : j'étais jeune maman et elle était en voyage avec son amoureux; je pense que nous n'avions pas grand chose à partager à ce moment-là. Nous avion
Facebook : mes 65 friends de Facebook n'incluent pas ma meilleure amie, ils incluent mon chum, des amis, des connaissances, des relations de travail et du monde d'un tout autre univers, incluant plusieurs personnes que je n'ai jamais rencontrées physiquement. Je fais partie d'une communauté de blogueurs qui partagent des intérêts communs, cela fait-il de moi votre amie?
Et puis finalement, peu importe... ayons du plaisir et partageons-le!
"Les vrais amis sont ceux qui lorsque vous faites le fou... ne pensent pas que vous l'êtes en permanence" - Erwin T. Randall