Open Season ouvre la danse comme l’avait fait A Trip To Vienna il y a quatre ans, nous offrant de retrouver plusieurs minutes totalement instrumentales, électro-rock, comme ils nous avaient donné l’habitude d’écouter ; une façon de dire « nous revoilà » qui donne envie aux amateurs d’écouter la suite des aventures que les musiciens vont nous conter, et à ceux qui ne connaissent pas, la soif de s’insérer dans ce monde aux sonorités bien établies. Vers les deux tiers de ces retrouvailles, la voix d’Olivier Jourdan se fait entendre. La suite peut commencer.
Ce nouvel opus nous propose de nouveau de ce rock enivrant ( Twin Sister, A Dog Day) qui ne demande, vraisemblablement, qu’à être joué, mais surtout vécu dans une salle de concert. Une énergie présente dans tout l’album d’une façon générale. Stop et Poison Apple – la seconde faisant écho à Alice in Wonderland, aux références romanesques – dégagent une atmosphère spécifique, presque inquiétante, l’une dans son refrain, l’autre dans son introduction, invitant à se projeter dans une nuit sombre, redoutable et chimérique. Cet univers merveilleux, on le retrouve avec Every night I fight some Giant, presque irréelle et onirique, berçant nos sens ; c’est ici l’une de leurs plus belles balades qu’ils nous présentent, remplie de sensibilité et de merveilles. Rodeo est également à cette image : belle balade à la mélodie soignée, mettant en avant une voix qui ne demande qu’à l’être et une instrumentalisation douce et soignée. D’autres (Okinawa Living Wage, Low Compromise Democracy) portent des mots qui ne sortent plus de notre tête, à coup de « bring me back my senses, bring them back to me ,. « everything is alright », n’oubliant pas, au passage, de livrer une humble observation d’une réalité décadente : « You think I'm pretty sick, no one is such a prick, you just can't imagine it's a trick, I adore » ou « I own the right to defend my stupidity ». Frozen Battle est portée par un rythme marqué et saccadé tout comme l’est Zero One, sonnant comme un tube rock modéré mais juste.
Les « Hush » restent donc avant toute chose un groupe offrant une musique merveilleusement rock, psychédélique, aux influences 60s’ et 70s’, toujours marqué par une influence électronique et une énergie débordante, qui ne demande qu’à éclater sur scène. Cette fois-ci, cependant, leur univers apparaît plus marqué, avec des sonorités plus diversifiées. Si chacun de leurs albums possède une ambiance qui lui est propre, celui-ci s’affirme tout en restant fidèle à un groupe authentique, qui, visiblement, sait se renouveler sans trahir une identité musicale (et pas que) que les fans aimeront retrouver, et les autres, apprendre à connaître. Peut-être la bipolarité de cette nouvelle création réside-t-elle finalement dans cette contradiction entre le nouveau et l’ancien de laquelle naît un changement qui pour autant n’anéantit pas un ensemble déjà établi avec harmonie?