« America’s Great Depression », par Murray Rothbard, Mises Institute, 1963, 337 pages.
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La première partie de l’ouvrage décrit la théorie autrichienne des cycles économiques. Cet section critique aussi le keynésiéanisme, s’attardant entre autres sur le concept de « trappe à liquidité » que Paul Krugman ne cesse de répéter depuis deux ans, pour finalement déconstruire la plupart des erreurs associées aux autres théories des cycles économiques, incluant la théorie de la surproduction, la théorie de l’accélération, la théorie de la sous-consommation et plusieurs autres.
Dans la seconde section, Rothbard décrit la période de boum inflationniste qui a marqué les « roaring twenties », entre 1921 et 1929. La plupart des économistes actuels affirme qu’il n’y a pas eu d’inflation durant cette période, ce qui est évidemment faux. Certes, les prix à la consommation n’ont pas augmenté de manière disproportionnée, mais il ne faut pas se laisser berner par cette mesure, comme l’a été Alan Greenspan durant les années 2000s. La masse monétaire a crû fortement au cours de cette période. La hausse de l’endettement que cela a occasionné a eu comme effet de gonfler les valeurs immobilières et boursières et de créer une bulle qui s’est soldée par le fameux crash de 1929. Rothbard décrit de façon détaillée de quelle façon la Federal Reserve, alors menée par Benjamin Strong, a orchestré cette inflation, notamment pour aider la Grande Bretagne à rétablir la valeur de sa devise (voir ceci http://minarchiste.wordpress.com/2010/01/06/letalon-or-et-le-crash-de-1929/).
La troisième partie de l’ouvrage s’attarde à la première manche de la Grande Dépression, soit la période 1929 à 1933, qui fut marquée par la présidence de Hoover. Le dogme keynésien actuel affirme que Hoover était un adepte du « laisser-faire » et qu’il n’est pas intervenu dans l’économie pour contrer la récession. Rothbard ridiculise littéralement cette croyance absurde, démontrant à quel point Hoover était un interventionniste avéré. En fait, Hoover avait entamé son agenda protectionniste bien avant sa présidence, au début des années 1920s.
Les politiques de Hoover durant la dépression ont consisté à créer de la monnaie de façon à redémarrer l’inflation. Il a mis en place d’immenses programmes de travaux publics. Il a aussi mis en place le fameux Smoot-Hawley Tariff, qui a fait tant de tort au commerce international, ainsi que ses mesures visant à maintenir les salaires, lesquelles furent catastrophiques pour l’emploi. Rothbard démontre bien que les politiques déployées par la suite par l’administration Roosevelt, incluant le New Deal, ne furent que la continuité des programmes interventionnistes de Hoover, et ils n’ont pas eu davantage de succès, la dépression s’étalant jusqu’à la Deuxième Guerre Mondiale.
Comme l’ensemble des oeuvres de Rothbard, ce livre est une source inégalable de références, de statistiques et de faits inédits. Cependant, Rothbard présente les faits de façon monotone et brutale, sans couleur, possiblement pour éviter d’être accusé d’être dogmatique et/ou de promouvoir son idéologie au détriment de la vérité. Cela en fait une lecture plutôt indigeste, qui ressemble davantage à un chapitre d’encyclopédie qu’à une lecture divertissante. Je ne le recommande qu’à ceux qui veulent à tout prix aller au fonds des choses quant à la Grande Dépression et qui ne craignent pas d’être enseveli sous une tonne de chiffres et de parenthèses historiques. Grâce à Murray Rothbard, la plupart des mythes reliés à la Grande Dépression en prennent pour leur rhume!