Dans les champs de l'observation, le hasard ne favorise que les esprits préparés. (Louis Pasteur)
Pour autant, la sérendipité semble être aléatoire par essence. Dans quelle mesure peut-elle être utile ?
Hasard et intelligence
La sérendipité n'est pas simplement le fait de trouver quelque chose d'utile par hasard. Ça, c'est plutôt la chance. Pour qu'on puisse parler de sérendipité, il faut, selon Robert Merton (sociologue des sciences) :
- que la découverte soit non anticipée : on trouve quelque chose qu'on ne cherchait pas ;
- que la découverte soit anormale : elle doit surprendre, ne pas correspondre à quelque chose de prévisible ou de connu ;
- et que la découverte soit stratégique : elle doit avoir une utilité pour le découvreur ou son entourage.
L'aspect stratégique est important : une observation fortuite d'un fait étonnant mais non exploité n'est qu'une anecdote. L'exploiter requiert généralement de l'intelligence, et en particulier une capacité à faire le lien entre l'observation et un domaine d'application.
Favoriser la sérendipité
Ainsi, la sérendipité repose sur l'intelligence autant que sur le hasard. On ne peut peut-être pas contrôler le hasard, mais on peut au moins augmenter ses chances d'aboutir à une sérendipité :
- soit en jouant sur le hasard lui-même :
- en sortant des situations connues : c'est la démarche de l'expérimentateur,
- en s'ouvrant à des interlocuteurs nouveaux et différents de ceux que l'on côtoie quotidiennement : c'est l'enrichissement culturel,
- ou encore en observant le monde qui nous entoure ;
- soit en jouant sur l'intelligence :
- en s'interrogeant dès qu'on observe quelque chose d'étonnant,
- ou en échangeant sur ses observations étonnantes.
Il est donc possible de favoriser la sérendipité par une attitude d'ouverture générale au monde.
Médiation technique et sérendipité
La médiation technique invite son client à augmenter ses chances de trouver la solution à son problème technique en l'invitant à sortir de son secteur d'activité. Toutefois, il ne s'agit pas à proprement parler de sérendipité, car on vise à trouver la solution à un problème technique bien identifié, et la découverte est donc anticipée. Il s'agit donc, d'après la nomenclature de Pek van Andel et Danièle Boursier dans leur ouvrage De la sérendipité :
- soit de pseudo-sérendipité : on trouve ce que l'on cherche, mais par une voie imprévue ;
- soit de non-sérendipité : on trouve ce que l'on cherche sans que la sérendipité intervienne.