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Loque, de Dominique Quélen

Publié le 27 mai 2011 par Onarretetout

loquePas facile de lire ce livre. Il est pourtant « fait de phrases toutes simples » et on pourrait se croire parfois sur un marché. Un bonimenteur s’adresse à moi, me nomme « client » et me propose régulièrement des « points-poésie ». Je ne saurai pas ce que je gagne avec. J’aurai même parfois l’impression qu’il n’y a rien à gagner, rien à acheter non plus. Alors de quoi s’agit-il ? D’une élégie, poème qui chante les plaintes et les douleurs de l’homme, dit le dictionnaire. Les douleurs, avec Dominique Quélen, ça peut devenir des couleurs (douleurs-couleurs, d, dentale, comme Dominique et c, consonne uvulaire, comme Quélen), parce que certains mots peuvent être pris l’un pour l’autre : « le cutter et locuteur, loqueteux et le couteau » ; cela peut donner l’impression d’une confusion, mais ça peut être aussi un mode d’emploi. Le couteau, d’ailleurs, ne fait pas que couper dans les suites de phrases, il découpe aussi les chairs, celles du porc, de l’agneau, du chien, morts, qu’on retrouve au fil de l’eau. Du fleuve, courant puissant qui emporte les mots en f, « formant un fleuve avec ses affluents », et me fourvoie parfois. Les phrases qui s’entrechoquent, je me dis qu’il faudrait les réassembler, comme s’il y avait un discours sous-jacent qui affleurerait de temps à autre en « terrain connu puissant fond » (qu'est-ce qu'on entend ?), parfois ces histoires de viande, parfois le jeu des mots, les jeux de mots, parfois les « points-poésie », parfois des moments de sport, boxe, vélo…

Et j’ouvre un petit livre de notes de Rainer-Maria Rilke, plusieurs fois nommé dans le livre de Dominique Quélen : « Que ce soit le chant d’une lampe ou bien la voix de la tempête, que ce soit le souffle du soir ou le gémissement de la mer, qui t’environne – toujours veille derrière toi une ample mélodie, tissée de mille voix, dans laquelle ton solo n’a sa place que de temps à autre. Savoir à quel moment c’est à toi d’attaquer, voilà le secret de ta solitude : tout comme l’art du vrai commerce c’est : de la hauteur des mots se laisser choir dans la mélodie une et commune. » (Notes sur la mélodie des choses, éditions Allia)

On pourrait se dire du titre qu’il annonce un soliloque, ou l’é-loquence (qui aurait quelque chose à voir avec l’é-légie), ou qu’il évoque le texte qui se disloque. On pourrait encore s’apercevoir que Loque, c’est dans le nom même de l’auteur qu’on le trouve, et cette anagramme (entre autres) : m’indique en loque.

Dominique Quélen sera le samedi 28 mai à 17h au Marché de la Poésie, Place Saint-Sulpice, au stand des éditions Rehauts.


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