The Prodigies

Publié le 27 mai 2011 par Mg

L’animation à la française se débat depuis plusieurs années autour de deux pôles bien distincts, les films Besson (pardon, Arthur) d’un côté, et les films d’auteurs (Ocelot, Chomet…) de l’autre. Soit. Il y a donc toute liberté pour du sang neuf, geek, et c’est un peu l’idée qui se cache derrière les Prodigies, adaptation de la Nuit des Enfants Rois, livre souverain écrit par Bernard Lentéric, et réalisé par un prodige (!) des jeux vidéos, Antoine Charreyron.

Dans un futur pas si lointain, une fondation recherche des super génies pour les aider à s’adapter au monde (et en tirer bénéfices). Lorsque 5 talents émergent, voilà l’occasion de les rapprocher de New York en leur proposant un jeu télévisé censé les révéler au monde. Mais tout dérape lorsque les talents se font agresser en plein Central Parc. Désormais déterminés à se venger, ce sera eux contre le monde. A commencer par leur tuteur, le premier talent découvert par la fondation… Projet ambitieux, adulte, The Prodigies n’a pas sur le papier l’aura d’un grand succès, malgré une histoire intrigante, à mi chemin entre Akira et le Cercle des Poètes Disparus un peu trash. Les designs conçus là aussi par des pontes du jeu vidéo (Viktor Antonov, qui a conçu l’univers visuel) ou du comics (Humberto Ramos et Francisco Herrera, excusez du peu!) sont là aussi selon les scènes plus ou moins surprenants (voir finalisés ou non).

Non dénué de qualités, le film donne pourtant l’impression d’essuyer les plâtres d’une nouvelle façon de produire. Gros budget pour la France, il n’a pour autant pas les armes de la concurrence, ce qui donne un long développement, 3 ans de production, et malgré cela encore des plans non terminés, ou des choix esthétiques drastiques pour pallier au manque de moyens. Bref, pas forcément adapté à son économie, le film fait fi de cela, et choisi le contact direct. Ainsi, certaines certaines ou détails seront réussis, d’autres non. Certains pans de l’histoire seront développés, d’autres non (spin-off, exploitation commercial..?). The Prodigies se veut brillant par moment, jouissif visuellement, pour dans la seconde suivante revenir à une esthétique plate de jeu vidéo. Nous voilà devant un produit à demi terminé, mais complètement assumé. Qu’importe le grain, pourvu qu’on ait l’ivraie.

Véritable histoire de SF, The Prodigies atténue le discours violent et tragique du livre pour en tirer un film qui n’évite pas les moments difficiles (le viol reste, quasiment), et se place directement dans la catégorie des films à faire éviter au plus jeune. Pour le reste, les geeks un tant soit peu curieux iront découvrir cet essai cinématographique sans précédent, inabouti mais joyeusement prometteur.