Le
livre de ma mère
d'Albert Cohen
Folio
Gallimard (1954)
175 pages
Roman, Suisse
Résumé
Ce livre bouleversant qu'après un long silence nous offre l'auteur de Solal et de Mangeclous est l'évocation d'une femme à la fois " quotidienne " et sublime, une mère, aujourd'hui morte, qui n'a vécu que pour son fils et par son fils. Ce livre d'un fils est aussi le livre de tous les fils. Chacun de nous y reconnaîtra sa propre mère, sainte sentinelle, courage et bonté, chaleur et regard d'amour. Et tout fils pleurant sa mère disparue y retrouvera les reproches qu'il s'adresse à lui-même lorsqu'il pense à telle circonstance où il s'est montré ingrat, indifférent ou incompréhensif. Regrets ou remords toujours tardifs. " Aucun fils ne sait vraiment que sa mère mourra et tous les fils se fâchent et s'impatientent contre leurs mères, les fous si tôt punis. " Mais il faut laisser la parole à Albert Cohen. " Allongée et grandement solitaire, toute morte, l'active d'autrefois, celle qui soigna tant son mari et son fils, la sainte Maman qui infatigablement proposait des ventouses et des compresses et d'inutiles et rassurantes tisanes, allongée, ankylosée, celle qui porta tant de plateaux à ses deux malades, allongée et aveugle, l'ancienne naïve aux yeux vifs qui croyait aux annonces des spécialités pharmaceutiques, allongée, désoeuvrée, celle qui infatigablement réconfortait. Je me rappelle soudain des mots d'elle lorsqu'un jour quelqu'un m'avait fait injustement souffrir. Au lieu de me consoler par des mots abstraits et prétendument sages, elle s'était bornée à me dire : "Mets ton chapeau de côté, mon fils, et sors et va te divertir, car tu es jeune, va, ennemi de toi-même. Ainsi parlait ma sage Maman."
Mon avis : pas encore lu
L'auteur
Auteur Suisse, né en Gréce en 1895, mort à Genève en 1981)Auteur, avec 'Belle du seigneur', de l'un des plus grands romans d'amour du XXe siècle, Albert Cohen reçoit en 1968 le Grand prix de l'Académie française pour cet hymne à la femme. Si la beauté féminine inspire une grande partie de son oeuvre, c'est avant tout le sentiment d'exclusion et l'amour du peuple juif qui fondent son besoin d'écrire. Originaire de Corfou, sa famille est chassée de cette île et doit s'installer à Marseille, où, à nouveau, elle doit faire face aux injures antisémites. 'Paroles juives' publié en 1921 et 'Ô vous, frères humains' écrit cinquante ans plus tard, sont les témoignages poétiques d'un enfant meurtri, qui va essayer, durant toute sa vie, de réhabiliter la dignité de son peuple. Installé en Suisse en 1914, Cohen mène une carrière de diplomate notamment pendant la Seconde Guerre mondiale en tant que conseiller juridique au Comité intergouvernemental pour la protection des réfugiés. Chantre de la condition juive, l'oeuvre d'Albert Cohen dépasse ce statut et atteint une dimension universelle, portée par un lyrisme enlevé qui laisse apparaître les fêlures d'un homme profondément angoissé par la mort.