Deux enquêtes dressent un constat de la santé chez les étudiants, qui n’est guère reluisante, ils ne se soignent plus faute d’argent !
Tous les deux ans, l’Union nationale des mutuelles étudiantes régionales (Usem) sonde l’état de santé et de bien-être des étudiants, et La Mutuelle des étudiants (LMDE) publie sa troisième enquête nationale sur leur santé. Des résultats édifiants, qui traduisent des manques de moyens mais aussi une manière de se soigner adaptée à leur mode de vie, qu’ils soient chez papa-maman, en coloc ou en résidence universitaire.
Je n’ai pas de sous pour aller chez le médecin
En 2011, 34 % des étudiants ont renoncé à une consultation médicale et 20 % à un traitement pour des raisons financières. Selon l’étude LMDE, la moitié des étudiants vivent avec moins de 400 € par mois. 19 % d’entre eux n’ont pas pu s’offrir une mutuelle en 2011, contre 13 % en 2005. « La situation s’aggrave car en 2005, ils étaient 24 % à renoncer à aller chez le médecin », note Gabriel Szeftel, président de la LMDE.« Depuis que je ne suis plus couverte par la mutuelle de mes parents, je prends moins soin de moi », confie Jennifer, 21 ans, au quotidien 20 Minutes. Dans les grandes villes universitaires, les jeunes ont du mal à trouver des médecins ne pratiquant pas les dépassements d’honoraires. Ils sont ainsi plus de 19,6 % en cité U à avoir renoncé à se soigner par manque d’argent. Plus inquiétant encore, ces derniers ne pratiquent même pas l’automédication, préférant « attendre que ça passe ».
Vivre chez ses parents, la bonne aubaine
Les résultats de l’enquête de l’Usem prouvent que les étudiants qui sont 39,8 % à vivre encore chez leurs parents, ne sont que 10 % à refuser de se soigner pour raisons financières. Les parents se soucient de la santé de leurs enfants, ils les poussent donc naturellement à aller chez le médecin. Ces étudiants dorment également beaucoup mieux que les autres, puisqu’ils sont 76,8 % à déclarer bien dormir. En revanche, leur taux de stress est plus élevé, ce qui s’expliquerait par l’éloignement géographique de leur lieu d’études. Le temps de transport est généralement plus long (surtout en province), ce qui augmente le stress de ne pas arriver à l’heure. En cité U, le temps de trajet est estimé à 15 minutes, tandis qu’il s’élève à plus de 30 minutes pour les étudiants vivant chez leurs parents.
La résidence universitaire : un environnement bruyant
Selon l’enquête Usem, plus d’un quart des étudiants en résidence universitaire déplorent avoir des problèmes de sommeil. L’environnement y est moins calme, il est donc plus difficile pour eux de trouver le sommeil. Cette catégorie connaît également les difficultés financières les plus importantes (60,8 % contre 43 % en famille et 52 % en logement individuel). En colocation, c’est l’alcool qui pose problème : ils sont 31,7 % à être qualifiés de « buveurs excessifs » et ce sont les plus gros consommateurs de drogue, notamment de cannabis, puisqu’un quart des colocs en a pris ces douze derniers mois.
Lauren Clerc
Photo : France 3