Shiki est capable de voir des lignes depuis un accident. Malheureusement, personne ne le croit et il a fini par cacher cet étrange don à tous. Alors qu’il vient d’emménager avec sa soeur dans le manoir familial et qu’il rentre du lycée, il tombe sur une jeune femme, qui réveille en lui des pulsions. Quand il reprend ses esprit, il découvre avec horreur qu’il a massacré cette inconnue. Mais la réelle surprise est de voir cette femme le lendemain, vivante et souriante, en train de l’attendre.
Et bien voilà, Tsukihime s’achève sur un 10ème tome. Bizarre de se dire qu’on attendra plus avec impatience les sorties, qu’on n’arrachera plus le papier peint parce qu’un tome met plus de deux ans à sortir, etc…. Tsukihime est fini.
Alors, pour répondre à une question qui revient souvent: oui, le manga est assez proche de l’anime (même si j’entends déjà certains hurler « il n’y a pas d’anime Tsukihime » ^^). Toutefois, la différence notable est la même que l’on peut faire en comparant manga/anime: le premier est bien plus développé et apporte souvent une meilleure fin. Certains points restaient en suspend dans l’anime qui sont enfin éclaircis dans le manga. Je pense à Roa et au passé qui le lie avec Arcueid et Shiki. Même si on finit par en déduire pas mal de choses, c’est beaucoup mieux formulé ici. Mais surtout, on en sait également plus sur la princesse des originels, Arcueid. Car pas la peine de se voiler la face, elle est bien le personnage central de la série et celle qui dégage le plus de charisme mais bizarrement, son passé restait flou et là, il n’était pas possible d’en tirer des conclusions (je précise que je n’avais pas encore joué au jeu au moment où les révélations sont tombées).
A l’époque où les vampires envahissent nos écrans et nos livres, Tsukihime tire un peu son épingle du jeu. Romance impossible oui mais moins cul-cul. La raison se trouve dans l’histoire générale et le passé des personnages. Ce n’est pas le côté romantique du suceur de sang au teint de nacre ou le côté suicidaire d’une écervelée qui se fait tellement chier qu’elle tombe amoureuse d’un vampire, histoire de sortir du vide pathétique de son existence (non, je ne parle de Twilight ^^). Tsukihime axe son scénario sur la solitude de deux personnes, fondamentalement opposées, qui cherchent à briser le cercle vicieux de leur existence. Chacun d’eux se bat contre sa nature, l’un est un tueur de monstres, l’autre un monstre, mais aucun d’eux n’accepte pas sa condition car ils ne l’ont pas choisie. En se rapprochant l’un de l’autre, ils cherchent d’une certaine manière à briser ce qu’ils sont ou plutôt, ce que les destin les a forcés à être.
Et ce point revient constamment car les personnages qui croisent leur chemin les poussent à redevenir ce qu’ils sont vraiment, qu’ils soient amis ou ennemis. Peut-être parce qu’aucun d’eux ne les comprend vraiment, notamment la solitude qu’ils éprouvent. Jamais l’adage « un seul être vous manque et tout est dépeuplé » n’a été aussi vrai que dans ce manga. Conscient qu’ils font quelque part fausse route, Shiki et Arcueid trouvent toujours des prétextes pour se revoir, dans l’espoir de comprendre ce qui les unit et les rapproche. C’est paradoxalement à la fin, quand tout est décidé qu’ils comprennent enfin pourquoi, même si Shiki l’avait compris plus tôt mais dans de mauvaises conditions. Car oui, au delà des combats et d’un humour très présent, Tsukihime reste triste dans son ensemble puiqu’il traite de l’amour impossible entre deux individus. On devine qu’elle sera la fin mais on ignore ce qui les conduira sur cette arrivée. Et c’est en cela que la fin est réussie. Elle conclut bien ce cheminement tortueux et tragique de deux êtres que tout oppose, qui tente de vivre malgré tout avec leur douleur et leur destin (ce qui est plus flagrant chez Shiki dans l’épilogue).
Shiki ou l'instinct du tueur
Les autres personnages sont assez secondaires, y compris Roa. En effet, il est certes l’origine de tout mais est surtout un prétexte à la rencontre des deux héros, plus qu’autre chose. D’ailleurs, on le voit assez peu et souvent pour éclairer un peu flou. Alors certes, il est important sur le fond mais sur la forme, il reste secondaire. Et c’est pareil pour tous les autres. Ciel, qui jouit pourtant d’une bonne histoire, est vite cantonnée au joker de luxe. Elle incarne un peu la voix de la sagesse en prodiguant de bons conseils, qui servent ou non le héros. J’ai assez aimé ce personnage ambivalent, que j’ai pus vu comme le symbole de ce que Shiki souhaite être d’une certaine manière que d’une protagoniste actif. Je suis plus mitigé sur Akiha, qui ne sert franchement pas à grand chose, à part amené un d’amour interdit, taboo prisé mais guère intéressant, surtout qu’elle ne fait pas grand chose pour le coup alors que je pense que son histoire aurait mérité plus de temps et d’explications car c’est l’un des rares personnages sur lequel on ignore encore pas mal de choses.
La seule exception est Nero, dont l’apparition est bien plus longue et surtout bien plus importante dans le scénario, car c’est à ce moment que Shiki prend conscience de certaines choses, qui marqueront la suite des événements.
La seule chose que je pourrais reprocher à Tsukihime est son dessin. Le design de l’anime m’avait beaucoup plu. C’était noir quand il le fallait, coloré quand il le fallait, l’ambiance avait vraiment un esthétisme séduisant et Arcueid n’avait sûrement jamais eu autant de charme. Ce côté délicieusement naïf et innocente, d’une personne découvrant la vie pour la première fois. Néanmoins, dans le manga, même si elle garde bien ses attributs, elle a en plus un côté un peu bêbête, le tout enrobé par un humour au premier degré. Cela joue un peu sur le charme de la belle (qui n’en perd pas tant que ca, il est vrai). Heureusement, les bonnes planches montrant le côté obscur des deux héros rattrapent vite cette maladresse. On ne se trompe plus sur les deux facettes de Shiki, qui montre vraiment un visage de tueur quand son sang bouillonne (et pareil pour Arcueid d’ailleurs).
Tsukihime est donc un très bon manga, qui apportera des explications à ceux qui ont vu l’anime et qui avaient déjà beaucoup aimé. Si vous n’avez vu ni l’un, ni l’autre, je vous conseille le manga (en vous passant les musiques de l’anime en fond sonore), qui est nettement plus développé et plus intéressant pour l’histoire. Même si l’anime reste l’un des préférés (oui, je persiste et je signe sur l’anime ^^).