La guerre commentée par ses morts !
La seconde guerre mondiale est un sujet qui a certes déjà été maintes fois traité au sein du neuvième art, mais l’auteur propose néanmoins une approche assez originale. Comès situe le récit dans une région qu’il connaît bien et s’attaque à l’offensive allemande menée dans les Ardennes belges en 1944. En mettant en scène des corbeaux dotés de la parole et trois morts (un Français, un Allemand et un alcoolique mort d’une cirrhose du foie avant le début des hostilités) à la recherche d’un quatrième joueur pour leur partie de belote, il propose cependant un univers assez étrange. Cette approche fantastique du sujet, permet de laisser la parole à quelques morts et à ce jeune G.I. qui risque fort de les rejoindre.
Le lecteur ne retrouve donc pas la classique opposition entre deux camps ennemis, mais d’un côté les victimes du conflit et de l’autre sa stupidité. On a donc d’une part la réalité de la guerre et son lot d’horreurs et de l’autre des morts qui commentent les événements avec un certain détachement. Le contraste entre ces combats dont l’auteur s’amuse à souligner l’absurdité et l’humour noir de ces morts qui logent nazis et alliés à la même enseigne, est l’attrait principal de cet album aux dialogues savoureux.
Visuellement, Comès démontre toute sa maîtrise du noir et du blanc et propose quelques planches enneigées assez sublimes. Pas de rouge au menu de cette bataille sanglante, mais un blanc couleur neige et un noir qui contamine l’humour qui accompagne cette critique acerbe de la guerre.