"L’Antiquité rêvée. Innovations et résistances au XVIIIe siècle"
Du 2 décembre 2010 au 14 février 2011
Exposition au musée du Louvre - Hall Napoléon
Le musée du Louvre met à l’honneur le XVIIIème siècle en Europe, époque charnière dans l’histoire des arts.
À travers quelques deux cent œuvres, l’exposition illustrera les différentes expériences et les processus d’innovation, d’émulation et de résistance qui ont été menés pour renouveler les formes et les thèmes artistiques entre 1730 et 1790 en Europe.
Le Louvre expose le mouvement néoclassique, "Antiquité rêvée" par les artistes du XVIIIe siècle. A cette époque, l'Europe s'est ressourcée auprès du passé antique, prenant le contrepied du style "rocaille" parisien.
Le Louvre expose 150 oeuvres représentatives de ce tournant du goût qui a accompagné la France dans ses soubresauts politiques jusqu'à
Napoléon (jusqu'au 14 février).
L'Angleterre et l'Italie ont été les précurseurs dès les années 1720-1730. La France est touchée un peu plus tard par le mouvement. Il est vrai
que c'est elle qui a inventé "l'art rocaille" à la fin du règne de Louis XIV (mort en 1715). "C'est un style du bonheur, de la fantaisie, un peu frivole, un peu féminin et qui a
exercé une influence énorme en Europe", déclare à l'AFP Marc Fumaroli, académicien français, qui a eu l'idée de cette exposition avec Henri Loyrette, président-directeur du musée
du Louvre.
F. BOUCHER, Diane sortant du bain(1742)
Les tableaux de François Boucher (1703-1770), qui peint des créatures joyeuses aux chairs roses et épanouies, sont en quelque sorte "la
quintessence de cet art rocaille" que certains finissent par trouver "décadent", relève Guillaume Faroult, un des commissaires scientifiques de l'exposition.
"Autour des années 1740-1750, un certain nombre d'amateurs influents se mettent donc en tête de réformer les arts français pour donner de la
Nation et de la monarchie une idée plus grave, plus austère, plus civique", raconte Marc Fumaroli. Et l'Europe est alors en pleine redécouverte des villes romaines d'Herculanum et de
Pompei. On discute de la perfection des vestiges antiques exhumés.
Un personnage joue un rôle important dans ce tournant du goût: le comte de Caylus (1692-1765), qui invite à retrouver "le grand, le sublime et
par conséquent le simple". Des peintres comme Joseph-Marie Vien, des sculpteurs comme Edme Bouchardon se mettent à travailler d'après l'antique.
En même temps, à partir des années 1750-1760, des contre-courants se forment qui contrebalancent cet engouement pour l'antique néobaroque,
néomaniérisme et veine "sublime" (Johann Heinrich Füssli). Des artistes s'intéressent de nouveau aux baroques, à partir de Rome et de l'Italie, aux grands noms de la Renaissance et du
seizième siècle, tandis que le dernier courant invente un répertoire de fantômes, de furies et d'ombres échappant à la rationalité classique.
Peu à peu, le retour à l'antique se teinte de politique. Dans cet ouvrage, le penseur allemand vante l'immense liberté dont disposaient les
artistes grecs. "Le néoclassicisme prend alors en France une saveur de plus en plus critique de la monarchie absolue", souligne Marc Fumaroli.
"C'est un art de la gravité, de l'héroïsme, de la vertu civique. Il a su épouser la Révolution, décorer le directoire, illustrer le consulat
et donner à l'Empire napoléonien son décor", résume-t-il.
Le néoclassicisme devient plus martial. "Apparaît alors la notion d'une Antiquité extravagante, noire, qui touche au sublime", déclare
à l'AFP Henri Loyrette. Le Serment des Horaces de Jacques Louis David (1748-1825), très grande toile réalisée en 1784, est "une oeuvre où palpite le sang",
souligne Guillaume Faroult.
Psyché abandonnée, par DAVID
David, grand nom de néoclassicisme français, s'implique dans la Révolution, devient député de la Convention, vote la mort du roi Louis XVI.
Après la chute de Robespierre, dont il était proche, il est incarcéré en 1794 puis en 1795 avant d'être libéré. C'est pendant cette période difficile pour lui qu'il réalise une très
belle Psyché abandonnée par Cupidon. Un tableau inachevé retrouvé en 1991 qui appartient désormais à une collection particulière.
David deviendra le peintre de Bonaparte, avant de mourir en exil à Bruxelles en 1825.
source: france2.fr