Avec 360.000 nouveaux cas chaque année en France, le cancer fait partie des problèmes majeurs de santé publique et des maladies chroniques avec facteurs de risque évitables. A ce titre, la nutrition est, d'une manière ou d'une autre, soit un facteur de prévention, soit un facteur de risque, évitable. Cette expertise collective a donc souhaité évaluer la légitimité de la prévention nutritionnelle des cancers et émettre des recommandations. Ce rapport part donc d'une méta-analyse des différentes expérimentations in vitro ou études chez l'animal, des données épidémiologiques et cliniques chez l'homme et des évaluations internationales.
Il n'existe pas d'aliment ou de nutriment « anticancer » en soi. La consommation d'un aliment, d'un nutriment ou d'un complément alimentaire en particulier n'est pas suffisante pour prévenir l'apparition d'un cancer. Il s'agit d'observer un régime alimentaire équilibré et diversifié, de pratiquer une activité physique régulière, bref, rien de très nouveau.
L'alimentation, un facteur de risque parmi tant d'autres: Les cancers sont des maladies complexes résultant de l'interaction d'un grand nombre de facteurs génétiques, comportementaux donc évitables (tabagisme, pratique d'une activité physique …) ou encore environnementaux, dont fait partie l'alimentation. Une alimentation déséquilibrée est un des nombreux facteurs de risque mais l'est à plus d'un titre, au titre des apports excédentaires ou insuffisants, du surpoids et de l'obésité dont le cancer peut-être une comorbidité et au titre enfin, d'un déséquilibre énergétique provoqué par la sédentarité.
Des facteurs nutritionnels associés au risque de cancer sont néanmoins été confirmés avec leurs associations les plus significatives:
· les boissons alcoolisées associées à plusieurs cancers (bouche, pharynx, larynx, oesophage, côlon-rectum chez l'homme, sein…),
· le surpoids et l'obésité (oesophage, endomètre, rein, côlon-rectum, pancréas, sein après la ménopause…)
· les viandes rouges et charcuteries (cancer colorectal),
· le sel et les aliments salés (cancer de l'estomac)
· les compléments alimentaires à base de bêta-carotène (cancer du poumon chez les fumeurs).
Des facteurs nutritionnels reconnus dans la prévention de cancers:
· l'activité physique (cancer du côlon),
· la consommation de fruits et légumes (bouche, pharynx, larynx, oesophage, estomac, poumon)
· l'allaitement (cancer du sein).
Facteurs nutritionnels et cancérogenèse: Si ces facteurs semblent basiques ou connus, leur intervention sur nos fonctions biologiques et en particulier dans la cancérogenèse, est complexe. Cette intervention se situe à plusieurs niveaux, soit sur la cellule, soit en modulant le métabolisme des agents cancérogènes, l'environnement biochimique ou hormonal de la cellule ou les défenses immunitaires, enfin, sur l'angiogenèse qui conditionne la progression tumorale et le caractère invasif de la tumeur. Ainsi, chaque facteur nutritionnel touche de nombreuses cibles moléculaires, peut renforcer l'action d'un autre facteur nutritionnel ou encore exercer différents effets sur plusieurs cibles.
Malgré la complexité des relations entre facteurs nutritionnels et risque de cancer, le rapport, prenant en compte un certain nombre de critères comme l'impact des différents facteurs nutritionnels et la prévalence, taux de mortalité des différents cancers, aboutit à de grandes recommandations prioritaires, adaptées à la situation française et cohérentes avec les préconisations du PNNS et du plan cancer.
En quelques mots, il s'agit de réduire la consommation de boissons alcoolisées, de promouvoir une alimentation équilibrée et diversifiée et la pratique d'activité physique, avec l'objectif d'éviter, par une prévention nutritionnelle généralisée, un tiers des cancers les plus courants.
Source: Anses - Rapport