Unité 2012 est la dernière œuvre majeure de l'élite de la gauchosphère. Le présent billet, écrit dans un sincère et loyal esprit d'ouverture et de camaraderie, doit être lu comme une critique constructive.
La lecture d'Unité 2012 rappelle le tout 1er texte du No Sarkozy Day.
Un objet quasiment abstrait qui ne fâche pas, tendance gauche pour les bisounours, tout le monde il est beau de Royal à Vaillant en passant par Huchon, Mahéas et Guérini, tout le monde il est gentil de Lamy à Valls et Aubry en passant par Mélenchon, Peillon et Besancenot ! De la politique fiction avec un soupçon de morale pour emporter l'adhésion... De l'anticipation hors-sol...
En effet, Unité 2012 s'abstient d'évoquer les questions qui fâchent :
- le traité de Lisbonne
- le grand marché transatlantique
- la RGPP et la LOLF
- le contrôle budgétaire par une commission Théodule de l'UE
- la nationalisation du secteur bancaire
- les retraites à 60 ans
- la planification écologique
- le revenu maximal dans tous les secteurs
- l'UE et le FMI
- les marchés financiers et aux agences de notation
- le droit de vote des étrangers
- la sortie de l'OTAN
- la VIème République
Unité 2012 évoque le spectre du 21 avril 2002 sans toutefois l'écrire en toutes lettres, probablement pour ne pas traumatiser les bobos jadis en larmes de Solférino, et surtout pour ne pas rappeler la responsabilité de la gauche plurielle, et de sa première composante qui n'a jamais, au grand jamais exercé son droit d'inventaire !
Pour réussir cet exploit, Unité 2012 agite le diable de confort de l'oligarchie :
«Mais surtout, Marine Le Pen sera vraisemblablement au second tour, nul besoin de sondages pour le craindre. L’élection présidentielle de 2012 se gagnera donc au 1er tour. Autrement dit, celui des deux candidats, de gauche ou de droite, qui aura le plus rassemblé son camp avant le scrutin présidentiel aura de fortes chances de l’emporter (...).»
En même temps, ils auraient évoqué Borloo et Bayrou, les lecteurs n'auraient pas eu les foies ! Quoi que ! Et oui, au 2d tour, il s'allie avec qui le candidat unique de la gauche ? Avec la droite dite centriste pour appliquer son programme de gôche ?
In fine - et nous l'avons déjà évoqué précédemment - l'enjeu pour le parti socialiste, ne soyons pas naïfs, est d'imposer SON candidat à l'ensemble de la gauche, et SON programme, légèrement plus à gauche que les recommandations du FMI...
Unité 2012 s'appuie sur la peur de l'extrême droite !
L'urgence serait donc d'organiser des primaires pour désigner un candidat unique qui n'intéresseront que militants, sympathisants, médiacrates et instituts de sondage, ce qui réduit considérablement la dimension démocratique du bidule. Comme aux USA... avec à terme un débat tronqué, une personnalisation accrue, la course aux sondages et une dérive à droite. Pas envie de participer à un pseudo scrutin démocratique qui condamnera les électeurs entre la droite extrême néo-libérale, Sarkozy ou Le Pen, et celui ou celle qui deviendra le Papandreou ou Zapatero français ! La présidentielle a deux tours : profitons-en !
Les camarades d'Unité 2012 oublient qu'il y a d'une part une gauche social-libérale, le parti socialiste et une majorité d'EELV qui soutient les politiques de Papandreou et de Zapatero, et en général l'UE et le FMI, et une gauche anticapitaliste, le Front de gauche élargi. Aussi, à moins d'une forte inflexion à gauche du PS, les programmes ne sont guère semblables malgré le "socle commun". Par conséquent, il faut donner le droit de choisir entre ces deux gauches à TOUS les électeurs dans une vraie élection, au 1er tour... [1]
Enfin, la démarche d'Unité 2012 est paradoxale, réduisant la politique, en l'occurrence l'élection présidentielle, à des sondages, des prévisions dignes de Nostradamus à un an de l'élection, des tactiques politiciennes et des calculs... Autrement dit, un tas de trucs qui ne peuvent que susciter le dégoût de la politique !
Amigos, l'art de la politique, c'est de croire en ses propres convictions, d'aller sur le terrain pour les confronter à la réalité, convaincre et mener campagne : ça s'appelle le militantisme, c'est donner de son temps, beaucoup, un peu, c'est du bénévolat, c'est parfois très chiant surtout après le boulot et pendant les temps de loisir, mais c'est le seul moyen dont on dispose pour CONVAINCRE.
Notre choix est fait, et on y croit ! Ce n'est pas un choix de cœur, de témoignage ou un caprice, c'est celui de la raison, de l'action pour un vrai changement. Le Front de gauche est minoritaire aujourd'hui mais il a vocation à devenir majoritaire pour mettre en œuvre une véritable alternative politique. Et, plus son candidat obtiendra de voix, plus le Front de gauche pèsera sur les orientations d'une majorité de gauche...
Les blogueurs influents d' #unité2012 :
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Notes
[1] oui... une vraie élection parce que même si nos amis socialistes sont très attachés à la démocratie, on sait par expérience, et même de visu, qu'ils respectent les principes démocratiques avec une extrême souplesse lors des campagnes et des votes internes...