Gautier journaliste. Articles et chroniques, choisis et présentés par Patrick Berthier, Paris, GF, 2011, Index, biblio, chronologie, 444 p.
Voici une anthologie des textes journalistiques de Théophile Gautier, ce fameux romantique, proche de Victor Hugo et de Baudelaire (qui lui dédie les Fleurs du Mal) et ami de Nerval. Comme pour Baudelaire, écrivain journaliste dont on connaît surtout les Fleurs du Mal, on connaît surtout de Gautier Le Capitaine Fracasse (1861, publié en feuilleton), Le Roman de la momie ou les ballets (La Péri, Giselle).
L'oeuvre de journaliste de Gautier s'étend sur près de quarante années, de 1835 à 1872. Feuilletoniste mais aussi propriétaire de revues et directeur de journaux, Gautier fut salarié de la presse. Ce fut d'abord et surtout un homme de presse, elle fut son gagne-pain.
Parfaite introduction de Patrick Bertier, Professeur à l'Université de Nantes et spécialiste de théâtre.
Gautier est un journaliste de l'ère inaugurée par Emile de Girardin, entrepreneur génial, qui lance plusieurs startups dans la presse dès 1828 (Emile de Girardin alors a 22 ans). On oublie - souvent on ne l'a pas su - que le dynamisme des médias n'a pas attendu Internet : les startups, les jeunes entrepreneurs, les réussites et les échecs fulgurants, les inventeurs sont présents dans toute l'histoire des médias, ou du moins dans la première période qui voit émerger un nouveau paradigme.
Patrick Bertier a constitué un échantillon de textes représentatif de l'oeuvre journalistique de Gautier selon trois types : critique d'art, critique de théâtre et critique littéraire. Le feuilleton de théâtre, article généralement publié à la une, au rez-de chaussée (bas de page), représente la moitié de l'oeuvre de Gautier mais elle est répétitive (on compte 2 843 articles). Ce serait aujourd'hui notre critique TV. Ces articles sont publiés dans toutes sortes de titres, de spécialités et de périodicités diverses : La Presse, L'Artiste, que Gautier dirige, La France Littéraire, La France Industrielle, Le Musée des familles, La Chronique de Paris, Figaro, Le Moniteur universel... Les romans de Gautier sont tous, sauf "Mademoiselle de Maupin", publiés en feuilleton.
Ce journalisme se caractérise, comme celui de Baudelaire, par une prose raffinée. Le journaliste de cette époque prend le temps d'écrire.