Le 18 mai prochain sortira le nouvel album d’Arnaud Rebotini, un excellent concentré de techno et d’electro qui donne la peche, qui réveille et qui s’apprécie par les sonorités originales des instruments sans jouer par un quelconque ordinateur.
Tracklist :
- The First Thirteen Minutes of Love
- Another Time, Another Place
- Personal Dictator
- Another Dictator
- Echoes
- All You Need Is Techno
- Who’s Gonna Play This Old Machine?
- Extreme Conditions Demand Extreme Responses
- The Choir Of The Dead Lovers
Sorti il y a quatre ans, lepremier album de Black Strobe, Burn Your Own Church a pris tout le monde par surprise avec son esthétique rageuse, ses guitares agressives, ses références au hard-rock et sa manière de tourner le dos à l’ esthétique proprette de l’ électro-pop de l’ époque.
En 2007 épuisé de brûler des guitares sur scène, lors de la tournée tout autour du monde qui a accompagné l’album, Arnaud Rebotini s’enferme alors en studio, éteint son ordinateur, oublie les logiciels et autres plug-ins qu’ on entend partout, pour le meilleur comme souvent pour le pire… Et en profite pour ressortir ses vieilles machines accumulées au fil des ans, les TR-808, SH-101, TR-909, TB- 303 ou autres Juno 60, tous instruments inscrits au fer rouge dans l’ histoire de la techno.
À l’ époque, le principal intéressé confie : « Quand je me suis retrouvé devant mes boîtes à rythmes et mes synthés, je me suis senti si à l’ aise, j’ avais l’impression d’ avoir fait ça toute ma vie… Le plaisir de retrouver ces sons a été une révélation. Quand tu allumes un synthé, tu joues avec un instrument qui fait partie de l’ histoire de la musique. Un laptop, ça reste la machine avec laquelle tu envoies tes mails. »
Music Components, l’ album signé sous son propre nom, qui jaillira de cette redécouverte des diodes et autres transistors, est un pur hommage aux classiques de l’ électro et à la philosophie de base de la techno : des morceaux longs, instrumentaux, répétitifs, puissants et mélancoliques déroulant une seule et même idée jusqu’ à l’ obsession.
Dix titres racés qui attestent que la techno a une vie en dehors du dancefloor et qui rejoignent au panthéon des disques classiques les albums de Carl Craig,
Plastikman ou Drexciya pour n’ en citer que quelques uns. Mais surtout Music Components est un album qui s’ inscrit complètement à contre courant de ce qui excite l’ époque, la saturation, les couches successives, le mélange des genres, l’ hybridation des formats, les idées mal développées…
Devant le succès, inespéré et étrangement révélateur, de cet album concept comme la techno en raffole, il semblait inévitable que Rebotini ne s’ engage pas
dans une suite à donner à Music Components. C’ est désormais chose faite ! Mais comme, de Zend Avesta à Black Strobe en passant par Aleph, notre homme nes’ est jamais contenté de la redite, mais a toujours été l’ instigateur de projets singuliers, aux identités clairement marquées, n’ espérons pas de lui un Music Components Volume 2. Mais plutôt une nouvelle approche, un angle original, une autre facette de ce retour aux machines. Someone Gave Me Religion est ainsi un album qui résonne tout entier de la tournée live qui a suivi la sortie de Music Components où seul derrière ses machines, Rebotini a plongé et confronté sa musique à la dure réalité du dancefloor…
D’ entrée, le morceau The First Thirteen Minutes Of Love ouvre ce nouvel album sur plus de dix minutes d’ ambient comme on n’ en a pas entendu depuis des
années. Cette longue plage élégiaque qui s’ aventure autant du côté de Carl Craig que des espaces chill out des raves disparues, semble conçue comme une mise en garde. Et nous rappelle de bien prendre notre souffle avant de nous laisser happer par huit morceaux qui dessinent un arc électronique qui relierait Detroit et Berlin, Front 242 et Carl Craig, les envolées transe et la retenue de la minimale, les années 90 et le nouveau millénaire, et dont on n’ ose imaginer la puissance de frappe et les ravages au cœur de tout club qui se respecte !
Aujourd’ hui, que le vintage est la dernière mode dont on parle, que les synthés d’ époque s’ arrachent sur eBay, que les constructeurs mythiques réfléchissent à de nouvelles machines et que beaucoup de producteurs de renom critiquent ouvertement les limites créatives de la musique sur ordinateur, on mesure enfin à quel point Music Component était un disque qui tout en cultivant une certaine nostalgie pour les années d’ or de la techno, refusait en fait de se réfugier dans le passé. Mais, bien au contraire, visionnaire, ouvrait une voie royale au futur… Un futur qui a désormais un nom et ce quel que soit l’ heure ou le lieu !
Et en bonus, la première track de l’album !