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Le nouveau dérapage de Claude Guéant

Publié le 24 mai 2011 par Ncadene

Dimanche dernier, Claude Guéant, ministre de l’Intérieur, a déclaré : « Les deux tiers des échecs scolaires, c’est l’échec d’enfants d’immigrés »…

Il a affirmé reprendre simplement les données du rapport du Haut Conseil à l’intégration intitulé «Les défis de l’intégration à l’école».

Pourtant, si le rapport pointe bien les difficultés scolaires des enfants issus de l’immigration, aucune trace d’une tel chiffre dans le rapport.

Comme le rappelle Médiapart, si les chiffres sur la scolarité des enfants d’immigrés existent bien (et depuis longtemps), aucun n’aboutit à un tel résultat.

Le rapport du HCI auquel s’est d’abord référé le ministère de l’intérieur met effectivement en évidence les difficultés scolaires des enfants d’immigrés : « Les enfants de famille immigrée sortent aussi presque deux fois plus souvent du système éducatif sans qualification (11% contre 6% pour les non-immigrés). »
Le redoublement les touche plus souvent que les autres élèves : plus d’un sur quatre a redoublé à l’école élémentaire contre un sur cinq quand aucun ou un seul parent est immigré. En 2002, sept ans après leur entrée au collège, seul un enfant d’immigré sur quatre prépare un baccalauréat général (27% contre 40% des non-immigrés). Ils sont plus souvent dans les voies professionnelles (35% contre 25% des non-immigrés), et technologiques (20% contre 18% des non-immigrés) et ont moins recours à l’apprentissage (6% contre 9%).

Sauf que ces chiffres n’ont aucun sens s’ils ne sont pas mis en perspective. In ne peut pas raisonner en chiffres bruts sans prendre en compte, au moins, la dimension sociale. Or, l’échec scolaire est d’abord l’échec des enfants des milieux populaires, plus que celui des enfants d’immigrés.

En réalité, à caractéristiques sociales comparables des parents, Annick Kieffer, auteur avec Yaël Brinbaum de l’étude La scolarité des enfants d’immigrés de la sixième au baccalauréat, nous indique que l’on observe au contraire un avantage des enfants d’immigrés essentiellement dû à l’investissement très forts des parents.

Selon cette étude, parmi les élèves dont les parents sont ouvriers et employés, 46% ont le bac chez les enfants d’immigrés, contre 40% chez les Français d’origine. Ce chiffre monte à 88% chez les enfants d’immigrés cadres. Ils sont aussi plus nombreux à aller vers une seconde générale.

Mais Claude Guéant ne s’intéresse pas à l’origine sociale. Il compare deux populations (enfants issus de l’immigration et français d’origine) dont les caractéristiques socioprofessionnelles n’ont absolument rien à voir. Qui plus est, dans le cas des enfants d’immigrés, les ségrégations urbaines et scolaires se superposent. Les élèves d’origines maghrébines, par exemple, sont cinq fois plus inscrits en ZEP que les autres.

Attribuer la cause de l’échec aux familles qui ont migré en France lui permet surtout de ne pas remettre en cause les politiques éducatives actuelles et d’à nouveau stigmatiser une population pour masquer les échecs du gouvernement…


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