L’accident de Fukushima n’a pas refroidi les ardeurs nucléaires du patron d’EDF qui souhaite tabler sur le développement de l’atome pour bâtir la croissance des années à venir… et devenir numéro un mondial de l’électricité à l’horizon 2020.
Face à l’émoi d’une opinion publique internationale inquiète des dangers du nucléaire, Henri Proglio garde le cap de l’atome… et réaffirme le besoin structurel et indépassable du nucléaire dans le « baseload » (production énergétique de base) français mais également mondial.
Fukushima ne « remet pas en cause le nucléaire »
Interviewé cette semaine par Le Monde, Henri Proglio a affirmé qu’EDF resterait une « référence mondiale dans le nucléaire » et que si la catastrophe de Fukushima impose d’être « plus sélectif et plus exigeant », elle ne « remet pas en cause le nucléaire ».
A contre-courant des mouvements de défiance observés un peu partout dans le monde ces dernières semaines, EDF compte « s’appuyer sur l’industrie de l’atome pour devenir leader mondial en 2020″.
Pour devenir le premier électricien du monde, le « cerbère du nucléaire » français table sur une augmentation de 50% de ses capacités de production (pour atteindre 200 GW), grâce notamment au développement de sites de production à l’étranger (les trois-quarts des nouvelles installations).
Des capacités de production dont le mix énergétique n’évoluerait qu’à la marge (avec une légère progression des énergies renouvelables) et continuerait à faire la part belle à l’atome : 50% pour le nucléaire, 25% pour le thermique et 25% pour les énergies renouvelables.
Leader mondial de la production électrique ? Croissance construite autour du nucléaire ? Une ambition finalement assez réaliste pour le géant français qui bénéficie, compte tenu de son expérience unique, d’une position préférentielle dans le secteur nucléaire.
Pourtant, les arguments rationnels développés par EDF pour expliquer l’inexorable croissance du nucléaire (compétitivité, puissance, raréfaction des ressources fossiles, réchauffement climatique…) pourraient tout aussi bien se heurter au mouvement de rejet post-Fukushima.
Si le pari d’EDF, et de l’ensemble des acteurs du nucléaire, est que l’émotion cédera rapidement le pas au pragmatisme, il est un peu risqué de passer ce mouvement d’opinion par pertes et profits.